Des choses que je m’étais dites quand je n’étais pas encore maman (je m’en disais beaucoup des choses), c’est que je ne voudrais pas avoir à pousser mes enfants. L’idée du parent qui était derrière son enfant à lui demander d’étudier ou le gronder alors qu’il n’avait pas eu 90% allait contre mes valeurs. Puis à la première rencontre parent/prof que j’ai eue pour mon fiston 1, son enseignante de maternelle m’a demandé si je poussais mon fils. Elle n’aurait pas pu être plus loin de la réalité, mais en même temps… Qu’est ce que je dois faire quand il me demande de lui expliquer comment diviser?

Mon avide amateur de mathématiques s’autostimule au quotidien. Il s’intéresse à plusieurs sujets. Il a toujours été comme ça, d’autant que je me souvienne.

Des livres, des livres, plus de livres

Comme beaucoup de mamans, j’ai lu à mon fils quand il était petit. Il aimait ça. Il regardait avec moi, s’intéressait aux images et aux mots. Donc un jour, pour être sûre qu’il ne se lève pas trop tôt, j’ai décidé de lui laisser des livres dans sa chambre. Il aimait les feuilleter quand il se réveillait. Je voyais ça comme une bonne chose. Il avait tellement une bonne mémoire que je me suis aperçu qu’une fois que je le lui avais lu une fois ou deux, il était capable de se raconter lui-même l’histoire sans oublier un mot. Il avait 3 ans. Un soir en allant le chercher à la garderie, son éducatrice m’a annoncé toute excitée qu’il savait lire. Je l’ai rassurée en lui disant qu’il avait juste une excellente mémoire.

Il y a d’abord eu l’alphabet

Très jeune, il s’intéressait à l’alphabet. Vers 2 ans, il pouvait placer les lettres en ordre sans problème, en fait, c’était plus un problème quand elles n’étaient pas en ordre… Il pouvait passer des heures à jouer avec ses blocs en bois d’alphabet. Ça l’occupait pendant que je prenais soin de son petit frère. Je voyais ça comme une bonne chose.

Graduellement, il a commencé à nous demander de lui dire le son des lettres. Il nous demandait par quelle lettre commençait tel ou tel mot. On lui faisait prononcer exagérément le premier son et décortiquer le mot. Rapidement, il a compris comment faire et il était capable de savoir quelles étaient les premières lettres d’un mot par les sons que ça faisait.

Puis la lecture

Quand il a eu 4 ans, il est descendu de sa chambre un matin et m’a annoncé tout bonnement: « Maman! Je sais lire! » « Ah oui? Comment ça? » « C’est facile maman! Tu as juste à mettre les sons des lettres ensemble! » À partir de ce moment-là, il savait lire à peu près tout.

Les livres qu’il préfère sont des livres scientifiques comme les livres de National Geographic Kids ou quelques autres qu’on a eu en cadeaux, les abécédaires (même s’il est beaucoup plus avancé que ça), les livres de labyrinthes et les petites histoires illustrées du type Monsieur Madame. Comme il est bilingue, il lit autant de livres en français qu’en anglais, sans préférence.

Puis trop de lecture

À un certain point, il a commencé à s’endormir vraiment très tard et parfois, il se réveillait la nuit pour lire. Il a fallu que j’enlève tous les livres de sa chambre sinon, il ne dormait plus. La lecture était devenue un « problème ».

Je dois maintenant mettre une limite d’une histoire avant le dodo et je lui permets de prendre des livres uniquement 30 minutes avant l’arrivée du soleil sur son GroClock. On utilise encore le GroClock pour son côté ludique, mais il est parfaitement capable de lire l’heure et sait à quelle heure il doit/peut se lever.

À l’école, son enseignante voit aussi un « problème » dans son amour de la lecture puisque lorsqu’elle pose de nouvelles affiches sur les murs de la classe, il les lit plutôt que de se concentrer sur les routines ou sur la tâche. C’est très difficile pour lui de contrôler sa soif de stimulation. Son intérêt pour les nouvelles choses est très grand, surtout quand ça implique la lecture. L’enseignante a perçu ce manque d’attention comme un indice de TDAH alors que la psychologue y voit plutôt un exemple flagrant d’autostimulation.

L’heure de l’histoire s’est transformée

Il aime encore la lecture du soir où c’est moi qui lui raconte une histoire. Souvent, je choisi un livre sans trop de mots ou des histoires sans textes comme Polo dans les revues Les Belles Histoires. On peut inventer l’histoire nous même. Je trouve ça plus ludique. On fait souvent de la relaxation aussi. À ce moment-là, il ferme ses yeux et me raconte lui-même une histoire tirée de son imaginaire et je pose des questions pour qu’il ajoute des détails ou précise ses pensées.

Des maths, des maths et plus de maths

Les nombres ont toujours été d’un grand intérêt pour notre bonhomme. D’autant que je puisse me souvenir, il a toujours eu un esprit logique développé. Il a commencé la garderie quand il avait 14 mois. Il parlait un peu. La garderie était bilingue, mais comme on habite un secteur plutôt anglophone, il est évident que la responsable de la garderie devait s’adapter à sa clientèle. Il fréquentait une garderie en milieu familial. Je me rappelle une semaine où il est arrivé à la maison et il disait de nouvelles choses. Il devait avoir 15-16 mois. J’ai dû me concentrer très fort pour comprendre ce qu’il disait. Finalement, il répétait des nombres en anglais. Il disait très souvent « nine ». Ça a marqué le début de son amour pour les mathématiques.

Compter n’était même pas un défi, reconnaitre les formes non plus

Vers 3 ans, il comptait parfaitement de 1 à 100 en anglais et en français. Mais fait plus étonnant, il était aussi capable de compter à rebours, de 100 à 1. Il le faisait spontanément, sans qu’on lui demande. On allait marcher et il comptait sur toute la durée du trajet. S’il s’arrêtait pour une raison quelconque, il était capable de reprendre où il s’était arrêté. Il était aussi capable de remarquer si des nombres manquaient dans une suite et trouver quel était le nombre manquant.

arrêt

À cet âge, il connaissait déjà les formes géométriques et leur nom. Il distinguait facilement un hexagone d’un octogone, sans même avoir à compter les côtés. Un jour, il a couru jusque chez la voisine et elle avait installé un bassin d’eau dans sa cours. Il a dit que c’était un hexagone. La voisine était très surprise de son affirmation, elle n’avait même pas remarqué elle-même avant qu’il le mentionne. C’est aussi pendant cette période qu’il repérait les « red octogone » et les « grey octogone » au coin des rues. Les rouges étant les panneaux d’arrêt vus de face et les gris étant ceux qu’on voyait de dos.

Vers 4 ans, il nous a surpris en comptant par bons de 5. Notre deuxième fils avait reçu un jeu avec des cibles de 5, 10  et 15 points. Spontanément, il a dit: « S’il y avait une quatrième cible, ce serait 20. » Et en le questionnant, on s’est rendu compte qu’il pouvait se rendre jusqu’à 100 sans problème. On a vérifié s’il était capable de faire le même processus par bons de 2, 3, 4, etc. Il était capable de le faire sans problème.

Des chaines YouTube pour les maths

Comme bien des enfants, il a toujours aimé les vidéos sur Youtube. Par contre, lui, demandais (et demande encore) des vidéos d’alphabet et de nombre. Récemment, il a découvert les vidéos de Math Antics. Avec ça, il a appris à additionner et soustraire en faisant des retenues. Il a aussi appris les multiplications et les divisions, les nombres négatifs, … Il en redemande. Mais sérieusement, quand est-ce que c’est trop de répondre aux demandes de stimulation d’un enfant? Est-ce que je devrais lui dire non quand il me demande de regarder ça? La psychologue n’a pas répondu clairement, mais nous a suggéré d’encourager d’autres intérêts aussi. L’idée maintenant, c’est de trouver d’autres intérêts.

Quand on a à attendre quelque part, il veut qu’on apporte des cahiers d’activité. Il aime particulièrement les cahiers de mots croisés, de mots cachés, de sudoku et de carrés magiques. Il peut pratiquer ses aptitudes et ça lui occupe assez l’esprit pour ne pas trop voir le temps passer.

Le temps, le temps et encore le temps

Très tôt dans sa vie, notre fils a eu la notion du temps. Très jeune, on lui disait qu’il restait 5 ou 10 minutes avant le dodo et quand il nous demandait combien de minutes par la suite, on répondait par un nombre plus petit. Ça a sûrement contribué à sa compréhension du compte à rebours.

On a introduit le GroClock quand il a eu 2 ans et rapidement, j’ai mis l’affichage de l’heure parce qu’il démontrait un intérêt pour les nombres. Il a compris très vite qu’il devait se lever à une certaine heure et savait quand cette heure était atteinte ou dépassée. Il savait aussi si on avait « triché » avec le GroClock s’il ne voyait pas le nombre d’étoiles descendre assez rapidement.

Gérer le sentiment d’injustice

Il a aussi été fasciné par les chronomètres. Ainsi, quand il fait une activité, chronométrer le temps que ça lui prends va le stimuler davantage. Et maintenant que nous avons un Time Timer, il veut qu’on l’active pour tout et pour rien. On se sert beaucoup du Time Timer au quotidien en fait. Ça aide à atténuer son sentiment d’injustice quand je fais une activité avec lui et avec son frère en alternance. Il ne peut pas dire que j’ai passé plus de temps à aider son frère qu’à l’aider lui si le Time Timer l’a dit. Même chose pour les vidéos Youtube. On accorde 15 minutes à chacun. Il ne peut pas dire que son frère a eu droit à plus de temps quand c’est lui qui a ajusté le Time Timer.

Fiston est maintenant capable de lire l’heure sur une horloge à aiguilles. Il aime beaucoup ça. On dirait que ça le rassure d’être en mesure de comprendre le temps sur toutes les horloges de la maison et pas juste sur les cadrans numériques. L’incompréhension de quelque chose déclenche souvent de l’anxiété chez notre coco. Ça engendre beaucoup, BEAUCOUP, de questions.

Éviter la surstimulation

Il me demande de lui acheter une montre. Je préfère m’abstenir pour l’instant. Il aimerait vraiment ça, mais sa fascination pour le temps et les horloges est tellement grande que j’ai peur que si je lui achète ça, il ne soit plus capable de se concentrer sur ses tâches à l’école. Je me demande toujours où est la ligne entre le plaisir et la surstimulation. Souvent, la ligne est très mince.

En conclusion

Stimuler un enfant doué n’est pas toujours nécessaire puisque tout peut devenir stimulant. Mon fils s’autostimule continuellement. J’essaie de mon mieux de répondre à ses demandes en ne le poussant pas trop, mais c’est très difficile de trouver la ligne. Ses intérêts sont variés, mais tournent beaucoup autours de sujets « scolaires » comme le français et les mathématiques. Suite à son évaluation, j’essaie de limiter, plus que je le faisais déjà, le temps qu’on passe à faire des maths et du français pour encourager des activités plus ludiques et explorer des sujets moins académiques. Je parlerai des sujets qu’on explore dans un prochain billet.

Vous? Où tracez-vous la ligne entre stimulation et surstimulation?