Ok, je l’avoue. C’est pas tant le streptocoque que mini a attrapé la semaine passée qui m’a fait grandir, c’est plus une prise de conscience que j’ai faite grâce à lui. En gardant mon fils à la maison, pour une enième fois depuis son entrée au CPE, j’ai réalisé tout le chemin que j’avais fait dans la dernière année! Pis je suis vraiment fière de moi!

Le jugement des autres

L’an passé, je lisais des billets d’éducatrices de garderie sur d’autres blogues. Elles dénonçaient les mamans qui laissaient leurs enfants à d’autres pendant qu’elles prenaient une journée pour elles. Je l’avoue, je l’ai fait. En fait, moi, je suis une maman qui « ne travaille pas » et qui va déposer ses enfants à la garderie. Vous dire comment ça me faisait sentir inadéquate de lire des billets comme ça. Ça me blessait plus que j’étais déjà blessée en dedans de moi.

Je suis mon juge le plus sévère

Je me suis toujours mis énormément de pression. Ces textes ne faisaient qu’amplifier mon sentiment d’être une mauvaise maman.

Avec mon anxiété et l’état de ma santé mentale les dernières années, juste l’idée de me lever était déjà épuisante. Avoir les enfants avec moi, c’était au dessus de mes forces. Non pas que je ne les aime pas, mais je n’allais VRAIMENT pas bien.

J’en ai parlé souvent. Les mots « choc post traumatique », « anxiété généralisée » et « dépression majeure » ont déjà été utilisés pour désigner mon état. Ce qui est plate avec des microbes de même, c’est que ce n’est pas une ronde ou deux de sirop aux bananes qui fait guérir ça. C’est le temps, le repos et l’amour (pis quelques autres affaires comme de la thérapie, de la médication adaptée et ben de l’acceptation).

La pire mère au monde

Bref, quand tu es à terre de même, pis que tu lis des textes qui disent que c’est honteux de laisser ses enfants à la garderie pour prendre des vacances, à la maison, sans eux. Tu te sens visée en titi! Pis même si c’est pas de toi qu’elle parle dans le texte, le fait de ne pas te sentir la force de garder tes enfants chéris à la maison, ça te fait sentir pas mal poche comme humain.

La travailleuse sociale, mon médecin, ma famille, mes amies, tout le monde important dans ma vie comprenait que je fasse ça, mais l’auteure du texte, non. Et si tu as déjà eu des problèmes de santé mentale, tu le sais que l’opinion de la personne qui n’est pas d’accord avec toi compte vraiment plus que celles des 1000 personnes qui te comprennent. Ça te pèse lourd sur la conscience.

J’étais chez-nous à lire ces petits textes et les commentaires qui suivaient et je me sentais encore plus comme une maman inadéquate. Pourtant, je faisais tellement de mon mieux pour donner à mes enfants. Quand j’allais les déposer à la garderie, je me disais qu’ils auraient, là, la stabilité et la stimulation dont ils avaient besoin et pour laquelle je ne me sentais pas assez forte à ce moment-là.

Je ne vivais même pas, je survivais. Ils allaient quand même à la garderie toute la semaine. Mon état de santé, à moi, n’était pas assez bon pour que je les garde à la maison. Et ça, si tu n’étais pas dans ma tête ou dans mon entourage, tu ne pouvais même pas t’en douter, parce que ça ne parait pas tant que ça.

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Prise de conscience

Pis là, on est en décembre 2018.

Depuis septembre, mini a eu 1000 otites, des cacas mous, de la fièvre, des dents qui poussent, un nez qui coule, pis là, c’est un strep. La semaine passée, c’était son frère de 4 ans qui l’avait, je ne suis donc pas étonnée.

Pis, je viens de m’asseoir devant mon ordinateur pour écrire un texte et j’ai un flash, une prise de conscience.

Depuis un mois, à chaque fois que mini est malade, ou son frère de 4 ans, je garde les deux à la maison plutôt que d’aller en reconduire un à la garderie. J’aime mieux ça les garder tous les deux à la maison. Ils jouent ensemble, on se colle ensemble, on s’aime, on se soigne pis on relaxe.

Pis vous savez quoi? Ça me fait du bien.

Pis c’est juste aujourd’hui que je réalise qu’il y a un an, je n’aurais pas fait ça. Il y a deux ans, encore moins. Le strep qui traine dans la maison me fait réaliser que j’ai grandi, j’ai progressé, j’ai cheminé depuis ces dernières années.

Toujours fragile

Non, mes maladies mentales ne sont pas parties. J’ai encore mon TAG et je suis encore fragile aux surcharges émotives, mais vraiment, prendre conscience de mon cheminement me fait tellement de bien.

Oui, je vais encore reconduire mes enfants à la garderie souvent, même si je suis à la maison. Mais je le fais en toute conscience et sans culpabilité. Et quand ça me tente ou quand la vie me donne des petits signes de strep, je les garde chez nous, parce que je suis bien quand ils sont là et que je les aime. J’aime passer du temps avec eux.

Est-ce que je suis cette maman dont l’éducatrice parlait dans son billet? Peut-être. Est-ce que j’avais des raisons de même sentir coupable? Non. Je prenais soin de moi, pour eux. Je faisais vraiment de mon mieux, avec les moyens que j’avais, pour arriver à aller mieux. Est-ce que mon processus de guérison est terminé? Non, mais j’ai fait tout un bond en avant dans la dernière année et ça, c’est grâce à la garderie et au temps que j’ai pris pour moi (pis quelques autres affaires comme de la thérapie, de la médication adaptée et ben de l’acceptation).

Est-ce que ça fait de moi une moins bonne mère?

maman fait une prise de conscience