En avril 2014, une des personnes que j’avais le plus hâte de rencontrer dans la ronde des nouvelles connaissances qui entreraient dans nos vies, la travailleuse sociale. Bizarre de même.

On venait de recevoir un diagnostic surprise, j’avais pris les choses de front. Je m’étais élancée sans trop me poser de questions. Je devais mettre des choses en place pour mon enfant, c’était impératif! Pour moi, la travailleuse sociale allait devenir mon alliée. Elle allait pouvoir faire équipe et elle allait me soutenir. J’avais hâte de la rencontrer et d’enfin avoir une personne de confiance qui allait me guider à travers tout ce système un peu fou. J’en avais tellement besoin!

L’attente, les attentes

Quelques temps après la naissance, une dame du CLSC est venue nous rencontrer pour ouvrir le dossier et évaluer nos besoins. Notre coco devait avoir 3 mois peut-être. Cette évaluation visait à déterminer le niveau d’urgence à laquelle traiter notre demande, pour éviter notre épuisement et s’assurer qu’on était bien soutenus. Je n’ai pas exactement compris pourquoi on avait cette rencontre alors qu’on aurait pu passer direct à la travailleuse sociale. Mais bon, il ne faut pas chercher à comprendre apparemment.

Ce n’est que 5 mois après la naissance que la travailleuse sociale a été affectée à notre dossier. Je ne devrais pas me plaindre, pour plusieurs familles c’est encore plus long. Mais j’avais beau avoir l’air d’avoir tout pris en main déjà. J’avais beau avoir mis pas mal tout en place avant qu’elle prenne notre dossier en charge, j’avais énormément d’attente face à cette première rencontre.

Honnêtement, dans ma tête de nouvelle mère d’un enfant différent, j’avais l’impression que la travailleuse sociale allait m’aider à voir plus clair dans tout le chaos qui m’habitait. J’avais envie de me sentir accompagnée, mais ce n’est pas du tout ce que j’ai ressenti. Le sentiment qui m’a plutôt envahie c’est qu’elle ne pourrait pas m’aider réellement et que tout reposait sur mes épaules. Après quelques rencontres, voyant que ça ne changeait pas, je lui ai dit que j’avais l’impression que ses réponses n’étaient pas plus complètes que celles que je trouvais moi-même. (en plus doux quand même, j’ai du tact.) Elle a un peu modifié son approche, mais si légèrement…

C’est le danger quand on attend quelque chose avec autant d’anticipation : les attentes qu’on se fait et la déception qui suit souvent quand elles ne sont pas adressées.

Garder le dossier ouvert pour moi

Malgré les délais d’attente, les réponses à retardement et le manque de soutien ressenti, j’ai décidé de faire tout en mon pouvoir pour garder le contact.

Habituellement, quand les choses se passent rondement dans la famille, quand les parents sont proactifs, quand les services sont en place, il n’y a pas de « raison » de garder le dossier ouvert avec une travailleuse sociale « pivot ». L’équipe pivot, c’est l’équipe qui est là au début et qui aide à mettre les choses en place ou qui répondent en cas de crise.

À un certain moment, la travailleuse sociale a abordé le fait de transférer le dossier à une autre équipe, qui serait là en cas de besoin, mais qui ne ferait pas de suivis réguliers comme ce qu’elle avait mis en place. J’ai refusé. D’abord parce que je me sentais fragile et aussi parce que j’avais l’impression que si notre dossier passait à l’autre équipe, on tomberait vraiment dans les oubliettes.

J’avais tellement peur de ne plus être en mesure d’avoir d’aide du tout. Je me raccrochais à ce que j’avais.

Mon souhait a été exaucé et le dossier est resté ouvert.

besoins particuliers

Du changement

Et finalement, la vie a fait en sorte que notre travailleuse sociale soit transférée dans un autre département. Ça arrive souvent les mouvements de personnel dans les CIUSSS. C’est malheureux quand ça va bien, mais des fois c’est une surprise du destin.

Je suis une femme d’habitudes. Malgré le fait que je trouvais ça difficile, j’appréciais quand même la sécurité que m’apportait notre travailleuse sociale. Elle était au dossier depuis les tout débuts, alors le changement me faisait un peu peur. Je m’inquiétais beaucoup sur ce qui se passerait une fois que notre dossier serait transféré.

La nouvelle travailleuse sociale m’a téléphoné pour qu’on prenne rendez-vous. Mon esprit s’est mis à rouler à 100 miles à l’heure comme tout bon cerveau anxieux. Et si elle n’était là que pour nous pousser à fermer notre dossier pivot? Et si elle nous apportait moins de support que ce qu’on avait?

J’avais perdu de vue ce qu’une travailleuse sociale avait comme tâche réellement et je n’avais aucune idée jusqu’où elle pouvait aller dans l’aide qu’elle pouvait nous apporter.

Première rencontre, premier choc

Mon coco avait 4 ans et quelques mois. J’attendais la nouvelle travailleuse sociale à la maison avec toute mes craintes. J’appréhendais beaucoup cette première visite.

Elle était douce et à l’écoute. C’est ce qui m’a d’abord frappée. Mais au fil de notre discussion, j’ai reconnu tout ce qu’une travailleuse sociale « devrait » faire. Elle m’a proposé des solutions pour certains problèmes que nous avions à la maison avec notre coco. Elle m’a dit qu’elle allait faire des démarches auprès du centre de réadaptation qui tardait à nous faire parvenir des papiers importants. La description des tâches qu’elle se proposait de faire pour me supportées n’étaient pas énormes, mais étaient des choses qui me semblaient lourdes et difficiles puisque je ne suis pas « dans le milieu ». En moins d’une heure, elle a réussi à me convaincre de tout ce qu’une travailleuse sociale pouvait apporter comme support à une famille quand les besoins sont là.

J’ai eu un choc à cette première rencontre. Un choc positif. J’ai réalisé tout ce qui m’avait manqué au cours de ces 4 ans où elle n’était pas avec nous.

La suite est encore mieux

Et je l’ai revue hier. Nous avons parlé d’école. Nous avons abordé les options qui s’offraient à nous pour l’entrée à la maternelle de notre coco. Elle était à l’écoute, mais elle était aussi proactive. Sans même que je verbalise un besoin, elle a proposé d’entrer en contact avec les écoles « parce que ça fait aussi partie de ce qu’elle peut faire ». Elle a suggéré de prendre rendez-vous, pour qu’on aille visiter ensemble. Je me sens accompagnée et j’ai les larmes aux yeux. J’ai les larmes aux yeux de bonheur. Celui d’avoir un appui que je n’attendais plus. Je pense aussi à la femme que j’étais au début et qui espérait tellement quelqu’un comme ça et qui s’est épuisée.

Je souhaite à tout le monde de rencontrer une travailleuse sociale en mesure de les soutenir comme ils en ont besoin. C’est une alliée précieuse, essentielle même, quand on est pris dans un tourbillon d’informations et de défis. Ça existe quelqu’un qui est réellement là pour soutenir. Ce ne sont pas toutes les travailleuses sociales qui sont comme ça, mais je vous souhaite réellement d’en avoir une qui allège votre tâche de parent qui est déjà bien remplie.

Vous sentez-vous supportés par les intervenants? Avez-vous quelqu’un en qui vous avez confiance qui vous accompagne réellement?

travailleuse sociale

  • La forme féminine a été utilisée dans ce billet pour alléger le texte.