À prime abord, quand quelqu’un voit mon fils, il est un beau grand garçon de presque 6 ans. Après quelques minutes, l’étranger sera soit surpris par son intelligence, soit par son agitation. Mon enfant est surprenant. Il est doué, mais il est aussi anxieux. Mon enfant a des besoins particuliers et on travaille ensemble pour l’aider, c’est un de nos défis quotidiens.
D’abord
L’école
Dès les premiers mois d’école, l’enseignante de mon fils m’a contactée pour discuter avec moi de ses préoccupations. Elle voyait l’agitation de mon coco et reconnaissait en lui un enfant TDAH. Il n’était pas attentif, bougeait tout le temps, était maladroit, avait de la difficulté à focusser sur la tâche très longtemps. Comme ces observations avaient déjà été faites au CPE l’année précédente, on a accepté de le faire évaluer. Malheureusement, le système n’est pas très bien conçu pour les élèves qui sont en réussite, nous avons donc dû aller consulter au privé.
La psychologue
D’un autre côté, ça a été une belle rencontre avec la psychologue. Elle a tout de suite saisi les subtilités derrière les comportements de mon coco. Selon ce que j’ai compris, les psychologues au privé sont souvent utilisés comme référence dans les cas qui ne sont pas « clairs ». Leur spécialité est justement de traiter les dossiers d’enfants qui présentent des comportements qui pourraient être confondus entre plusieurs diagnostics. Un médecin généraliste peut, au Québec, faire un diagnostic de TDAH, mais s’il a des doutes, une référence va être faite en psychologie. C’est ce qui est arrivé pour nous.
Au cours de l’évaluation, elle a complètement éliminé l’éventualité du TDAH. Elle a concentré son évaluation sur la douance. Il était clair pour elle que notre fils présentait plusieurs caractéristiques d’un enfant doué. Malgré le fait que son intelligence est supérieure à la moyenne, nous devrons le faire réévaluer dans deux ans parce qu’à un si jeune âge le quotient intellectuel est considéré « fluide ». Son avance académique présente peut changer dans les prochaines années. Ça dépends de plusieurs facteurs, dont la stimulation et son envie d’apprendre.
Mon fils
Il pourrait se débrouiller dans une classe de 2ème, voire 3ème année présentement. Toutefois, lui faire sauter des années ne lui rendrait pas service. Son manque de maturité émotionnelle serait trop grand à gérer dans une classe remplie d’enfants plus vieux. C’est justement ce manque de maturité qui rend ses comportements si déconnectés par rapport aux enfants de son âge.
En classe présentement, le niveau académique est beaucoup trop haut pour les activités demandées. Pourtant, il sait qu’il ne répond pas aux attentes face au comportement qu’il devrait avoir. Cette dualité le rend de plus en plus agité. Plus il est anxieux, plus il s’agite, plus il s’agite, moins il répond aux attentes, plus il devient anxieux… On entre dans un terrible cercle vicieux.
Son anxiété peut être atténuée de plusieurs façon.
Voici quelques outils qu’on utilise à la maison:
- En offrant suffisamment de stimulation intellectuelle.
- En renforçant les comportements positifs plutôt que de rentrer dans la boucle du renforcement des comportements négatifs.
- En travaillant des techniques de respiration.
- En utilisant un animal lourd.
- En travaillant la relaxation et/la pleine conscience.
- En encourageant le sommeil de qualité par une routine prévisible.
Comme mère, qu’est-ce que je peux faire pour l’aider?
Comme parent, je peux tenter de reconnaître ses comportements liés à l’anxiété. C’est un enfant. Il arrive que ses comportements anxieux ressemblent à des comportements de défiance ou d’opposition. Il se protège à sa façon. Il ne réagit pas nécessairement d’une façon qui est « acceptable » socialement, mais c’est sa façon à lui de manifester son inconfort. Donc en tant qu’adulte qui le connaît bien, je peux l’aider à travers ça.
Faire le tri entre les comportements « volontaires » et ceux qui sont liés à l’anxiété n’est pas toujours évident. Pour un œil extérieur, c’est encore plus difficile. Si je peux reconnaitre assez bien ses comportements anxieux, je peux l’aider à les identifier lui aussi. Une fois qu’il peut distinguer son sentiment d’anxiété et le nommer, on peut commencer à travailler sur des moyens de s’apaiser. Malheureusement, tant qu’il ne reconnaît pas son anxiété, c’est difficile pour lui de jauger quand il faut utiliser les techniques qu’on apprend ensemble.
Je peux, entre autres, lui enseigner des techniques l’aidant à réduire son anxiété quand il se sent plus fébrile. Des techniques qui peuvent être utilisées discrètement à l’école. Par exemple: la respiration consciente et l’automassage.
Un exemple récent
Coco est inscrit à des cours de natation. Il travaille très fort, mais est également fidèle à lui-même. Lorsque ce n’est pas son tour, il bouge, sautille sur place, éclabousse les autres. Dans l’eau, il fait un peu n’importe quoi. Il n’est pas à l’écoute. Il fait des progrès, renforce ses muscles, améliore sa nage, mais n’est pas suffisamment attentif pour atteindre tous les objectifs demandés. Il a donc été recalé.
Dire qu’il était déçu serait un euphémisme. Il était démoli, atterré, catastrophé. Son cœur saignait. Et mon cœur de maman aussi, en même temps que le sien.
Je comprends toutes les raisons qui ont poussé son entraineur à le garder dans les blancs, mais en même temps, je comprends la tristesse de mon fils et son sentiment d’incompréhension. Devant l’échec, il ne savait plus comment réagir.
Je veux tellement l’outiller pour relever ce genre de défis. Je le sens si fragile.
L’anxiété n’est pas facile à comprendre pour un adulte, donc on s’imagine bien que pour un enfant c’est encore plus difficile. Pour être capable de penser à utiliser ses outils, il faut qu’il sache reconnaitre que son agitation est liée à l’anxiété.
Vive la vie… en famille
J’ai acheté un livre de Dr Nadia Gagnier il y a quelques temps, sous les conseils d’une psychologue. Au cours de l’été, je compte le lire avec mon coco pour qu’il comprenne lui aussi ce que c’est l’anxiété. Son livre de 86 pages s’intitule « Maman j’ai peur, chéri je m’inquiète » *. En plus d’y expliquer ce qu’est l’anxiété, elle y répertorie une série de trucs pour aider et conseille des choses à ne pas faire. C’est un livre très concis, mais il remplit vraiment son mandat, c’est-à-dire d’expliquer l’anxiété, ses causes et ses répercussions en donnant des pistes de solutions pour aider l’enfant, mais aussi l’adulte. Je pense que tous les parents préoccupés par l’anxiété de leur enfant devrait au moins le consulter.
Social Thinking
Toujours dans le but d’aider mon coco, j’ai aussi l’intention de l’outiller pour qu’il comprenne comment mieux s’autoréguler. J’en avais déjà parlé ici.
J’ai déjà commencé à introduire des concepts proposés par le site Social Thinking. J’ai préparé un tableau pour qu’il puisse visualiser la taille des problèmes auxquels il fait face. Les problèmes sont échelonnés de 0 à 5. 0 étant une situation tout à fait normale et 5 étant une urgence où il faut appeler le 911.
Quand il fait une crise, j’attends qu’il soit calme et par la suite nous discutons de la taille du problème qui a mené à sa réaction. Il réalise souvent que sa réaction était disproportionné par rapport à la taille du problème et nous pouvons en discuter. Je pense qu’en travaillant sur cette prise de conscience, ça l’aidera graduellement à comprendre son anxiété et à mieux adapter ses outils aux événements.
Pour voir des exemples d’échelles comme celle que nous avons faite à la maison, vous pouvez consulter Pinterest en tapant Size of the problem, il y a beaucoup d’exemples en anglais puisque Social thinking est surtout utilisé par la communauté anglophone.
En conclusion
Mon fils est anxieux. Ça se traduit par des comportements difficiles à gérer, tant pour lui que pour les gens qui le rencontrent. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, ni un trouble d’hyperactivité qui se médicamente. Ça fait partie de lui et on doit trouver les outils qui vont l’aider, lui. Qui vont répondre à ses besoins à lui. C’est tout un défi! Mais on va y arriver en mettant les moyens de notre côté.
Chez vous? L’anxiété? Ça se traduit comment? Vous mettez en place des moyens?
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Très très bel article ! Mon enfant n’est pas anxieux. Du moins je.ne.crois pas…Il doit être «bilanté» en septembre par la psychologue scolaire pour un éventuel glissement CP-CE1 dans la même année, l’an prochain, car il est en avance mais je ne veux pas lui faire sauter une classe..
D’abord, merci pour le commentaire!
Ensuite, les sauts de classes peuvent avoir des impacts à long terme sur l’enfant, puisqu’il sera toujours moins mature que le reste de la classe. Je comprends le désir de vouloir le garder dans un groupe du même âge que lui. C’est une décision bien personnelle et souvent difficile à prendre. Un enfant qui s’ennuie peut aussi avoir d’autres soucis à l’école. C’est un équilibre qu’il faut s’assurer de garder à l’oeil. Bonne chance pour la suite. Je vous souhaite tout le meilleur pour les succès de votre enfant.