Septembre arrive, la rentrée se pointe à l’horizon, je peux presque y toucher tellement que c’est proche. La rentrée, ça me fait vivre plein d’émotions, ça me fait revivre plein d’émotions. Je n’ai pas choisi la profession d’enseignante pour rien, j’aime l’école. J’aime tout de ça! Enfin, presque tout. Mais être enseignante ne m’a pas vraiment préparée à être la maman d’un enfant à besoins particuliers (encore moins de deux). Non. Je ne me sentais pas prête à ça.
Des soupçons
Il y a deux ans, une éducatrice du CPE m’a annoncé, sans trop de délicatesse, que mon fils de 4 ans avait sûrement un TDAH et que je devrais le faire évaluer rapidement. Je n’ai rien contre les évaluations ou les diagnostics en soi, même contre les médicaments si c’est nécessaire, mais c’était la première fois qu’on me parlait de ça. Me faire lancer ça au visage, disons que j’ai été un peu prise par surprise.
J’ai donc fait comme j’ai toujours fait dans ma vie. J’ai été proactive et j’ai appelé plusieurs cliniques de pédopsychologues.
On m’a répondu que les évaluations pour TDAH n’étaient généralement pas faites avant 6-7 ans parce qu’avant ça, trop de facteurs pouvaient influencer le comportement.
Je suis repartie avec cette information-là pour aller voir la directrice de la garderie, qui m’a offert de faire faire une évaluation en ergothérapie. L’ergothérapeute pourrait travailler avec mon fils, sur sa régulation et son autocontrôle et ça pourrait lui donner des outils pour la classe. On était en octobre, j’ai accepté en me disant que ça l’aiderait sûrement.
Et à l’école aussi
L’an dernier, à la première rencontre de parents, l’enseignante m’a annoncé, sans gants blancs, qu’on devrait faire les démarches pour faire évaluer mon fils. Même si elle avait en main le rapport de l’ergothérapeute de l’année précédente, pour elle, ça semblait évident qu’il avait quelque chose de « plus ». Pour elle, il avait beaucoup d’agitation en classe, son attention était fragile, il était impulsif, c’était beaucoup plus qu’un manque de maturité.
Alors je suis repartie de là, encore sur un mode automatique, pour trouver des solutions et des moyens de l’aider.
J’ai d’abord pris un rendez-vous avec notre médecin de famille. J’estimais que ça serait la meilleure personne pour nous guider vers les bonnes ressources.
Des pistes
Au premier rendez-vous, notre médecin nous a remis des formulaires à remplir, des questionnaires pour nous et pour l’enseignante. On a jeté un coup d’œil aux scores qu’il avait obtenu sur les deux formulaires et on suspectait bien, en additionnant les points, que ça ressemblait à un TDAH.
Son impulsivité, son manque de concentration, sa durée d’attention qui était très courte pour les sujets qui ne l’intéressait pas, le fait qu’il ait constamment besoin de parler ou bouger, des signes qui « cotaient » assez haut pour le TDAH.
Au rendez-vous suivant pourtant, lorsque nous avons discuté avec notre médecin, nous avons établi qu’il serait préférable d’aller consulter une psychologue pour une évaluation complète. Pour elle, peu importe les résultats obtenus suite à cette évaluation, elle ne voulait pas médicamenter notre fils. Même si les résultats des questionnaires laissaient penser au TDAH, le fait qu’il fasse des multiplications et soit capable de compléter des séries de nombres à 5 ans lui laissait plutôt penser à de la douance.
Alors nous sommes parti avec ça et nous sommes allé à la rencontre d’une psychologue prête à l’évaluer, malgré son jeune âge.
Des questions
En attendant la date du rendez-vous, je réfléchissais à ce qui nous menait à ça.
Pourquoi devions-nous faire évaluer notre enfant s’il était simplement « trop » intelligent?
Pourquoi c’était nécessaire de passer par tout ce cheminement, qui plus est au privé, pour se faire dire que notre fils apprenait rapidement?
J’avais l’impression qu’il manquait seulement de maturité et qu’il était anxieux. Est-ce que j’étais aveugle aux réels besoins de mon enfant?
Et un processus
Le jour de l’évaluation est arrivé. Notre coco était légèrement nerveux de ne pas savoir à quoi s’attendre. Il avait peur d’échouer s’il n’était pas prêt. Je n’étais pas admise dans la salle avec lui et la psychologue. De la salle d’attente, je ne pouvais que m’imaginer ce qui se passait. Je l’entendais rire et s’agiter. La psychologue riait avec lui. Ça ne pouvait qu’être bon signe, non?
Il n’a pas voulu prendre de pause, alors qu’elle lui a demandé plusieurs fois s’il voulait s’arrêter et recommencer après une petite collation. Après la rencontre, il était heureux. La psychologue nous a simplement dit « à la semaine prochaine » et on a quitté.
La semaine suivant, on a eu comme information que c’était plus aride comme évaluation. Que ça allait surtout être orienté vers la mathématiques. Sans trop de surprise, coco a A-DO-RÉ son expérience cette journée-là et il a non seulement fait tous les exercices proposés, mais en demandait toujours plus.
Dans les semaines suivantes, j’y suis allée seule pour recevoir les résultats de l’évaluation de la psychologue. Selon elle, c’était un cas classique de douance. Certains critères d’évaluation étaient plus bas, par exemple, la rapidité à laquelle il résolvait les problèmes. Coco prenait son temps, il lui fallait un temps « moyen » pour répondre aux questions. Mais il répondait à des questions beaucoup plus avancé qu’un enfant typique de son âge.
La psychologue a alors rédigé le rapport dans lequel elle suggérait plusieurs moyens à mettre en place, tant à la maison qu’à l’école, pour aider notre fils à vivre des succès, tant académiques que personnels.
Une prise de conscience
Cette évaluation m’a fait prendre pleinement conscience que mon fils, même s’il était performant, avait beaucoup plus de besoins qu’un enfant neurotypique. Cette évaluation-là m’en a fait voir l’ampleur et aussi l’importance. Non, ce n’est pas qu’un enfant ayant un haut potentiel intellectuel, c’est aussi un petit humain qui a toute une panoplie de difficultés de compréhension quand on parle de relations interpersonnelles. Il ne connait pas très bien la notion de limite, l’autocontrôle est difficile, il est facilement distrait. Ce sont toutes des choses qui sont liées à la façon dont son cerveau fonctionne, à 100 à l’heure! Même s’il connait les règles, son impulsivité l’empêche de les suivre en tout temps. Et ce n’est pas par manque de volonté, c’est plutôt parce qu’il n’y arrive tout simplement pas. Il a besoin d’outils pour s’aider.
Alors les questions qui résonnaient dans mon esprit auparavant sont apaisées.
Pourquoi faire évaluer mon enfant?
- Pour mieux le comprendre
- Pour mieux l’outiller
- Pour mieux s’outiller nous-même, en tant que parents
- Pour aider l’école à mieux le comprendre
- Pour avoir accès à des ressources pour l’aider si elles sont disponibles
- Pour avoir du matériel sur lequel s’appuyer pour construire un plan d’intervention
Autant de raisons valides. On est très loin d’axer uniquement sur le fait que notre enfant est plus fort à l’école. En fait, ce n’est pas ce qu’on prouve.
Des réflexions
Certains diagnostics peuvent faire plus mal à entendre que d’autres. Ça reste qu’on donne une étiquette à notre enfant en écrivant noir sur blanc qu’il a des besoins particuliers. Ce n’est pas toujours facile à prendre pour un cœur de maman. Mais c’est aussi une preuve écrite que notre enfant a des défis plus grands. Ça indique qu’il a droit à certaines attentions particulières pour l’aider à relever ces défis. Le diagnostic est un outil de travail pour nous, comme parents, mais devrait devenir un outil de travail pour toute l’équipe qui entoure notre enfant quand il retourne en milieu scolaire.
Cette année, je suis en année sabbatique. J’en profiterai pour m’assurer de mettre plusieurs outils en place pour aider mon fils le plus possible.
Article bien détaillé ! Merci pour toutes ces infos !
Merci à vous! Ça fait toujours plaisir de savoir que les informations que je partage sont utiles dans le concret.
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