J’ai souvent parlé des difficultés que j’ai eu à accepter le diagnostic de mon fils, mais je serais injuste de ne parler que de ça. Je serais injuste parce que ce n’est pas que du négatif de vivre avec un enfant ayant des besoins particulier. Mon fils m’a donné plusieurs leçons depuis sa naissance. Une des plus grandes a été d’apprécier d’avantage le moment présent.
De la lenteur
Dans la vie où tout va vite, on s’arrête rarement pour regarder les petits moments de bonheur. On n’apprécie pas toujours les petits succès quand on a en tête le grand objectif de la fin. Monter la montagne et atteindre son sommet est un but noble, mais pourquoi ne prend-on pas le temps de regarder les fleurs et de sentir l’air frais sur notre visage pendant l’ascension? Mon fils m’a appris à apprécier ces choses qu’on oublie trop souvent. Et c’est une leçon qu’il me donne au quotidien.
Bien sûr, certains jours je préfèrerais qu’il aille plus vite. Ça m’épuise parfois de le voir retourner une huitième fois replacer sa figurine à la bonne place quand je voudrais juste qu’il mette ses chaussures pour aller dehors. Pourtant, le fait qu’il prenne le temps de placer ses jouets correctement au bon endroit est tout un succès. Le soir, quand je le couche, il place lui-même ses lunettes sur la table de nuit, en prenant bien soin de déposer sa voiture Hot Wheel à côté. Je sais qu’il n’y touchera pas de la nuit. Cet ordre et cette organisation, qui semblent faire partie de lui de plus en plus, sont réconfortant à mes yeux. Je sais combien d’efforts nous avons mis à l’habituer à bien suivre les consignes. Pourquoi je voudrais qu’il se presse tant pour aller faire dodo? Il fait tout. Simplement à son rythme.
Les colères et les rires
Bien sûr, vivre le moment présent, ça veut aussi dire vivre intensément chaque instant.
Quand notre fils vit une émotion, il la vit pleinement. Il l’a vide, l’épuise avant de passer à autre chose.
S’il est en colère, il le sait, nous le savons et je crois que, parfois, nos voisins le savent aussi. Je me réjouis de plus en plus souvent de ces colères. Il est capable d’exprimer clairement son inconfort, son mécontentement, sa désapprobation et sa frustration. Il ne se laisse pas marcher sur les pieds! J’aimerais bien qu’il les contrôle mieux, qu’il canalise ses énergies plus aisément. Mais je sais que ce n’est que passager. Il vit son émotion, nous prenons le temps de se faire un câlin, de respirer ensemble et ça passe.
Monter la montagne et atteindre son sommet est un but noble, mais pourquoi ne prend-on pas le temps de regarder les fleurs et de sentir l’air frais sur notre visage pendant l’ascension? – Karine Guy, Atypiquement Parfaite
Quand il vit une joie ou quelque chose d’amusant, l’intensité de son émotion est la même que pour la colère. Il saisit cet instant de bonheur à fond. Il aime, sourit, rit et n’a pas d’oreille pour autre chose. Toute son énergie est concentrée sur ce moment heureux, à cet instant, dans cet endroit. Il le savoure, comme s’il n’y avait pas de lendemain. Et je ris avec lui sans retenue, comme il me l’a appris. Et c’est magique!
Il m’a appris la joie, il m’a appris la vie
Tant de gens cherchent la solution au bonheur. Plus je lis sur le sujet, plus je me rends compte que pour être heureux, il faut s’arrêter, prendre une pause et profiter de l’instant présent au maximum.
Sans même qu’on lui explique, de façon innée, notre garçon le sais. C’est en lui. Il vit cet instant, il en profite à fond. Mon fils s’arrête dans son quotidien pour prendre soin de ses figurines, ses voitures, des gens qui l’entourent. Il partage tout ce qu’il connaît de la vie à qui veut bien l’écouter et s’ouvrir à lui.
Oui, parfois la patience manque, puis il y a un rire, à propos d’une moustache qui n’existe pas. Ce rire ce transforme en fou rire et à cet instant, on vit réellement.
Le rire c’est une poussière de joie qui fait éternuer le cœur. – Natalina Casarano
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