En juin, j’avais en tête un été plutôt relax, avec des sorties occasionnelles au musée, des cours de natation pendant lesquels j’aurais le temps de lire, des bons moments où j’aurais des discussions avec mon grand coco HPI. Eh non. Mon enfant en a « décidé » autrement.
Je ne sais pas pour vous, mais chez-nous, les plans tournent rarement comme je les avais prévus. En fait, ma vie avec est un grand univers d’incertitudes, de réajustements et d’adaptations. Ça inclus mes plans d’été.
Dans ma maison, où la neurodiversité est vraiment bien représentée, j’ai l’impression de souvent planifier pour rien, parce qu’au fond, ça se passe rarement comme ça.
Est-ce que je suis la seule à vivre ça?
Autostimulation X 1000
Les deux premières semaines de vacances, j’ai voulu qu’on décroche complètement de la routine scolaire. Au programme : rien! Ou plutôt : stimulons la créativité par l’ennui.
Eh boboy! Mauvaise idée!
En plus de me demander 1000 fois par jour ce qu’il pouvait faire ou s’il avait le droit de jouer aux jeu vidéo, mon grand s’autostimulait constamment.
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’autostimulation, je vous explique un peu.
Aussi appelée « stimming », l’autostimulation existe chez tous les humains. Ça permet de mieux contrôler son stress, faire sortir un surplus d’activité du système nerveux ou prendre conscience de son environnement. Ce sont des actions machinales et non réfléchies.
La majorité de la population fait de l’autostimulation sans même s’en rendre compte. En jouant dans nos cheveux, en se rongeant les ongles, en tapant du pied quand on est assis, en faisant les 100 pas quand on parle au téléphone.
Donc, même si on associe souvent le stimming aux personnes autistes, rien n’empêche d’autres personnes de le faire. Et mon fils HPI en est un bon exemple.
Pour en savoir plus sur le sujet, je vous invite à aller lire l’excellent billet Stimming : tout savoir sur l’autostimulation sur HopToys.fr
Quand il n’est pas en train de faire une activité assez stimulante intellectuellement, après un certain temps, il se met à parler seul. Il a des conversations complètes avec lui-même, se parlant tant en français qu’en anglais. Il se pose des questions, se répond et a des fous rires incroyables. C’est, à la limite, surprenant.
Il peut aussi se mettre à sauter sur place. Il le fait pendant un très long moment si on ne l’interrompt pas. Comme pour les discussions avec lui-même, c’est un comportement spontané qui survient surtout dans des moments où la stimulation intellectuelle est peu présente.
Regarder la télé n’est pas une stimulation intellectuelle suffisante, c’est la même chose pour plusieurs jeux de société d’ailleurs. Donc, s’il fait une activité, ce n’est pas garant de limiter le stimming.
L’activité physique
Cette année, comme il est meilleur en natation, j’ai offert à mon enfant de participer aux pratiques de l’équipe à la piscine communautaire. Il ne fait pas de compétition, mais il fait les pratiques.
À chaque matin, il a donc environ 1h30 de natation : son cours de 30 minutes, plus les 45 minutes de pratique, plus souvent, un 15 minutes de jeu dans l’eau avec les plus jeunes.
On ajoute à ça de la marche, du vélo et d’autres activités.
Je croyais que de passer autant d’heures à se dépenser dans une journée serait suffisant pour limiter le stimming. Je me trompais. Il y en a autant.
L’activité physique comme la natation n’est pas de la stimulation intellectuelle. C’est bon pour le corps et l’esprit, mais un cerveau d’enfant HPI ce n’est pas comme un cerveau typique. Ça a besoin de plus! Beaucoup plus!
L’anxiété de performance et la peur de l’échec
Même l’été, même avec des activités sans grandes conséquences, mon fils vit de l’anxiété de performance. Pour des raisons que j’ignore (je ne suis pas dans sa tête) il se met une pression énorme pour réussir du premier coup. Si, avant de faire une activité pour la première fois, il détermine qu’il a peu de chances de succès, il préfère s’abstenir.
C’est pour ça qu’il préfère les activités qui ont des liens avec les maths, les sciences et la logique que les activités liées à la créativité et au hasard. La culture générale ne l’intéresse que très peu, alors il évite aussi les choses en lien avec l’histoire ou la géographie.
De l’extérieur, on pourrait être porté à croire qu’un enfant doué est ultra performant dans tout ce qu’il entreprend, mais ce n’est pas toujours le cas. D’ailleurs, les sports ne sont pas non plus une grande force, même s’il s’améliore beaucoup à mesure qu’il s’entraine.
Comme maman, j’essaie de l’encourager à tenter de nouvelles choses. Sans minimiser son anxiété, j’essaie de lui faire apprécier les expériences pour ce qu’elles sont, sans qu’il soit toujours en mode « performance ».
L’été, c’est un bon moment pour ça, mais ça implique beaucoup de temps et d’énergie, tant pour l’aider à gagner de la confiance en lui que pour entretenir son besoin de stimulation dans ses domaines d’intérêt.
Quand son cerveau est stimulé, il est un tout autre enfant
Le commun des mortels peut parfois confondre HPI et hyperactivité dans un cas comme celui de mon fils. Loin d’être le nerd typique qui est calme et posé, il bouge et déplace beaucoup d’air. Il parle continuellement, même avec les gens qu’il connait peu. Il a toujours quelque chose à raconter. Ça peut devenir étourdissant.
Ceci dit, quand il est en train de faire une activité qui le stimule intellectuellement, il devient calme presque instantanément. Il se concentre et est totalement absorbé par l’activité ou la lecture. On ne le reconnait presque pas.
Dans les prochaines semaines, mon objectif de départ concernant l’été se transforme donc. Je vais trouver des défis intellectuels, des casse-têtes et des activités cognitives qui vont lui stimuler le cerveau au point où je ne l’entendrai plus. Je n’aurai plus de temps pour moi, mais je ne l’entendrai plus.
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