À l’aide! – Avoir l’impression que son bateau coule

Dans la dernière année, particulièrement dans les dernières semaines je dois avouer, j’ai reçu plusieurs messages de parents qui ne semblaient plus savoir vers où se tourner pour trouver de l’aide.

« J’ai tout essayé avec mon fils, il est tellement intense que ne n’y arrive plus, je suis à bout de solutions pour qu’il se calme le matin! »

« L’anxiété de ma fille est tellement présente que je ne sais plus quoi faire pour l’aider. Il n’y a pas de ressources pour elle. »

Premièrement, ça me fait réaliser que les gens me font confiance et ça me touche beaucoup. Mais au-delà de ça, ça me faire prendre conscience à quel point le besoin d’aide est criant. Même si ma boite à outils est quand même garnie, je suis « juste » une maman moi aussi. Les trucs qui fonctionnent chez nous ne fonctionnent pas nécessairement ailleurs. Il y a des professionnels qui sont spécialement formés pour donner un coup de pouce quand on manque d’air comme parent. Cela dit, ces spécialistes sont de plus en plus sollicités et les listes d’attentes sont souvent très longues. J’ai donc décidé de faire de mon mieux pour soutenir, à ma façon.

Le navire face à l’iceberg

Ce que je veux regarder en premier, avant même d’adresser des pistes d’aide pour l’enfant, c’est l’épuisement parental et le sentiment d’être dépassé.

Tous les messages que j’ai reçu m’ont laissé voir que des mamans se sentaient à bout de ressources oui, mais aussi à bout de souffle.

Avant même d’aller observer du côté de l’enfant, j’ai envie de questionner à savoir si vous, comme parent, vous avez pris le temps d’observer vos comportements.

Je dis ça totalement sans jugement, je suis une maman qui est passée par des burnouts, de l’épuisement parental et des dépressions. Je sais que, malgré notre bonne volonté, des fois, ça se peut de s’épuiser à vouloir aider.

Quand on est épuisée, on peut aussi avoir tendance à considérer certains comportements comme étant des défis alors que ceux-ci sont des tentatives de communication de la part de l’enfant.

J’ai écrit certains billets dans le passé sur le sujet, je vous invite à explorer parce que quand on est vidées, c’est beaucoup plus difficile d’avoir la perspective pour soutenir.

Aide pour parents

• Billets pour s’offrir de la douceur
• Billets parlant d’anxiété – quelques pistes de solution pour les adultes
• Pleine conscience et la méditation – quelques billets pour les débutants

La pointe de l’iceberg

Dans tous les livres de parentalité que j’ai lu, dans toutes les rencontres que j’ai faites avec des intervenant, c’était très clair ce qui ressortait : le comportement est uniquement la pointe de l’iceberg.

Souvent, on cherche à agir directement sur le comportement, parce que c’est ce qui dérange, parce qu’on n’est occupé ou qu’on ne voit pas « le reste », parce qu’on est soit même épuisés et on cherche une solution rapide.

Agir sur le comportement, c’est à peu près l’équivalent de mettre un pansement sur une fracture ouverte. On cache le problème, mais on ne règle pas. C’est une solution superficielle à un problème qui est plus profond. Je le sais, je l’ai fait souvent.

Exemple

Pendant sa première année au CPE (il avait 4 ans), mon grand faisait des crises à chaque fois que j’allais le chercher. Sa crise durait longtemps, tant au CPE qu’au retour à la maison. Pour moi, ça semblait éternel. La partie qui me dérangeait le plus, c’était évidement la grosse crise à la garderie. Souvent, je devais même le porter jusqu’à l’auto.

Mon premier réflexe, une fois sortis de la garderie, c’était de trouver un moyen pour calmer la crise. J’allais faire un long tour d’auto. Ça lui permettait de se calmer, et moi de respirer un peu, avant d’arriver à la maison.

Quand on revenait chez-nous, si la crise reprenait de plus belle, je l’envoyais dans son lit, pour qu’il se calme. C’est déjà arrivé que j’aie eu à le tenir très fort contre moi pour éviter qu’il se fasse mal. Pendant ce temps, j’étais loin d’être calme à l’intérieur de moi. J’avais juste hâte que ça finisse.

Ces crises-là ont duré un bout de temps. J’avais vraiment hâte qu’il passe à autre chose. Je me disais qu’avec beaucoup d’amour et de patience, ça allait passer.

Avec le temps, j’ai commencé à chercher plus activement d’où venaient ces crises.

Trouver la cause

À cette époque-là, on n’avait pas de diagnostic pour mon fils, on n’avait pas d’intervenants qui travaillaient auprès de lui. On a consulté en ergothérapie et en orthophonie via le CPE, ça a un peu aidé, ça n’a pas tout réglé. J’en ai parlé dans certains billets.

Une crise ne vient pas de nulle part, et le « fucking four » n’explique pas tout, la Pleine Lune non plus et Mercure Rétrograde encore moins. À un moment donné, il faut explorer.

Il y a donc le comportement, il y a aussi le déclencheur, mais quand on veut vraiment comprendre d’où ça vient et régler le problème à la source, ce qu’il faut trouver idéalement, c’est l’antécédant et en même temps, on peut explorer la fonction du comportement.

J’ai donc décidé de regrouper ici une liste de questions permettant d’explorer les comportements défis de votre enfant. Ce n’est pas une liste exhaustive, il pourrait certainement y avoir d’autres pistes à approfondir, mais ça peut servir de point de départ pour agir sur la cause plutôt que le comportement lui-même.

Communication

• Qu’est-ce que mon enfant essaie de me dire?
• Est-ce que mon enfant a besoin de me communiquer quelque chose? A-t-il suffisamment de mots pour le faire?
• Est-ce que mon enfant arrive à exprimer ses émotions? Comment sont-elles accueillies?
• Est-ce que je suis attentive à lui? Ou si je suis occupée à faire autre chose?
• Est-ce que mon enfant cherche mon attention?

Besoins physiques

• Est-ce qu’il est suffisamment autonome pour faire la tâche que je lui ai demandé? Est-ce qu’il a besoin d’aide? Quand il fait face à une tâche trop difficile pour lui, est-ce qu’il a l’aide dont il a besoin à la maison? À l’école?
• Est-ce que mon enfant a faim? A-t-il assez mangé aujourd’hui? Est-ce qu’il a fini son lunch à l’école? Il a sauté un repas?
• Est-ce que mon enfant a soif? A-t-il assez bu aujourd’hui? Est-ce que les fontaines sont disponibles à l’école (parfois fermées en période Covid)? Est-ce qu’il avait accès à une bouteille d’eau?
• Mon enfant est-il fatigué? A-t-il suffisamment dormi la nuit dernière? Cette semaine? Fait-il de l’apnée du sommeil? Porte-t-il bien son appareil respiratoire pendant la nuit?
• Est-ce que mon enfant a eu une journée plus exigeante que la normale? Est-ce la période d’examen? Le retour à l’école? Est-ce que c’était la journée où il avait 3h de mathématiques en après-midi?

Défis personnels

• Est-ce qu’il vit des défis spécifiques à l’école? Est-ce que ces besoins sont répondus? Ex : Besoin d’un ordinateur à cause d’une faiblesse motrice, mais pas accès à l’ordi, donc plus fatigué.
• Est-ce que la routine a été perturbée? Ex : Papa en voyage, un nouveau chien, le changement d’heure, etc.
• Est-ce qu’il s’ennuie de quelqu’un d’important? D’un animal de compagnie?
• Est-ce qu’il a besoin d’affection? De reconnaissance pour un bon coup?
• Est-ce qu’il a une sensibilité particulière? Est-ce que la lumière est trop intense? La lumière à l’école est trop intense? Est-ce qu’il portait son chandail qui pique aujourd’hui? Ses souliers sont trop petits? Est-ce que quelqu’un qui travaille auprès de lui porte un parfum fort? Quelqu’un fume et sent beaucoup la cigarette? Est-ce qu’il était habillé en fonction de la météo ou de son besoin de thermorégulation? Le bruit dans la classe est trop fort? Dans l’autobus?

Santé

• A-t-il un rhume? A-t-il une otite (certains enfants ne démontrent aucun symptôme autre qu’un changement de comportement)?
• Est-ce que sa condition a changé? Est-ce que des tests médicaux ont démontré une différence dans sa santé récemment qui pourrait expliquer son changement de comportement? Ex : certaines hormones – hormone de croissance, TSH- certaines maladies – diabète, autres maladies auto-immunes – etc.

Cadre

• Est-ce qu’il ressent de la pression à se conformer à certaines règles? Son enseignant.e est plus rigide sur les règles à respecter? Est-ce que c’est une nouvelle personne devant la classe? Les intervenants ont changé?
• Est-ce qu’il subit de l’intimidation? Il est accepté de ses pairs? Est-ce qu’il ressent de la pression à se conformer à certaines règles pour être accepté par les autres?
• Comment ça se passe dans l’autobus? Est-ce que l’enfant se sent en sécurité dans le transport qu’il utilise? Est-ce que le chauffeur a un comportement particulier face à l’enfant?

Peur et anxiété

• Est-ce que l’enfant a des peurs particulières? A-t-il vécu un trauma (même si ça nous apparait petit avec notre regard d’adulte) et été confronté à quelque chose le ramenant à ce trauma récemment? Ex : L’an dernier, une remplaçante parlait très fort, ça a beaucoup marqué mon fils. Sa nouvelle enseignante parle très fort. Ça lui a pris beaucoup de temps à s’adapter à cette nouvelle réalité quotidienne.
• Mon enfant vit-il de l’anxiété? Par rapport à quoi? Est-ce qu’il a été confronté à des situations anxiogènes récemment?

Un comportement peut avoir plusieurs causes

Le déclencheur d’un comportement est ce qui se produit juste avant. Mais la cause réelle de celui-ci peut être beaucoup plus profond. On peut explorer très loin pour comprendre réellement d’où ça vient. Cela dit, plus on arrive à cibler la cause réelle du comportement, plus ce sera facile de trouver une solution efficace à long terme. Il peut aussi arriver qu’un comportement ait plusieurs causes simultanées. En trouvant ce que le comportement cache, on peut aller chercher une aide plus spécifique, développer des outils en fonction de ces causes et collaborer avec l’équipe-école ou la garderie quand c’est pertinent.

N’hésitez pas à commenter, à partager et à ajouter à ce billet, l’idée ici est d’aider les parents pris dans un cycle qui semble sans issue à trouver des pistes de solutions. Ensemble on est plus forts.