L’an passé à pareille date, j’avais une session par semaine avec une psy. La situation des derniers mois m’avaient pas mal poussée au burnout. Ce n’était pas mon premier. Mon médecin m’a d’ailleurs diagnostiqué un TAG, que j’apprivoise de mieux en mieux et la psy a parlé de TOC. Un an plus tard, je me rends compte que j’en ai fait du chemin. Je me sens fière.

J’étais chez ma mère cette semaine et je lui disais : « Ma psy serait fière » Elle ne comprenait pas. J’ai envie de vous raconter ma petite histoire de zone de confort et de santé mentale.

Se connaître

Ça fait plusieurs années que ma santé mentale a des hauts et des bas. J’apprends à reconnaître mes limites, à m’écouter. La pleine conscience m’aide beaucoup et ma spiritualité aussi. C’est un long travail sur moi-même, et je l’accueille.

Je connais de mieux en mieux mes déclencheurs et j’essaie d’être à leur écoute pour éviter la rechute. Je le sens quand ça fonctionne (et aussi quand ça fonctionne moins bien). Mon ego est moins dans le chemin quand vient le temps d’avouer que j’ai besoin d’aide d’ailleurs.

Bien sûr, toutes les raisons d’aller consulter sont valides et celles de ne pas y aller le sont aussi. J’ai quand même fait une petite liste de ce qui pourrait pousser quelqu’un à aller en psychothérapie pour quelques séances:

  1. Pour voir plus clair dans notre vie où y apporter certains changements.
  2. Parce qu’on vit des épreuves ou qu’on a vécu un traumatisme
  3. Parce que nos rapports avec les autres nous semble difficiles

– La suite sur Santé mentale: 10 raisons d’aller en psychothérapie, Karine Guy

Le besoin de contrôle, un signe de mon anxiété

Pendant ma thérapie l’an dernier, la pyschothérapeute m’a dit qu’elle ressentait un fort besoin de contrôle chez moi. Ça n’a pas été une surprise, j’avais déjà lu plusieurs fois Mindset de Carol Dweck et je sentais que j’avais un esprit ayant tendance à être rigide, j’avais aussi noté que plus j’étais anxieuse, plus mon besoin de contrôle était grand. Elle m’a suggéré plein d’exercices. Certains visaient à mettre en lumière les moments où je ressentais le besoin de contrôler l’incontrôlable. D’autres cherchaient à me montrer l’éventail des stratégies que j’utilisais dans ma rassurance au quotidien et les choses que j’évitais, par simple peur de ne pas pouvoir contrôler assez de choses.

Au plus bas, j’arrivais à peine à aller au parc avec les enfants, parce que mon deuxième a eu plusieurs épisodes où il cherchait à fuir et je ne me sentais pas la force de courir derrière lui pendant que les deux autres enfants jouaient au parc. Je n’arrivais pas, dans ma tête, à établir un plan où tout le monde serait en sécurité en tout temps, alors j’évitais.

La psy me faisait remarquer que ces évitements amplifiaient mes craintes, mais mon anxiété était simplement trop forte et mon épuisement trop grand. Je n’arrivais pas à voir le bout de ça.

Éviter l’évitement

Heureusement, les sessions m’ont permis de libérer certains patrons de pensée qui me paralysaient, graduellement, sous les conseils de la psy, j’ai élargi ma zone de confort. À petits pas, j’ai travaillé à me faire davantage confiance dans la gestion des imprévus. Et j’ai recommencé à aller au parc.

Dans les dernières sessions que j’ai eu avec elle, en janvier, on a commencé à parler des prochaines étapes d’exposition. Ce que je pourrais faire pour aller plus loin. On a évoqué mon « pire » et on a monté tout un scénario ensemble. Je me voyais en camping avec les enfants, près d’une rivière et mon 7 ans disparaissait en pleine nuit. On ne le retrouvait jamais. Évidemment, ce scénario catastrophe était supervisé et avait une mission thérapeutique. En m’exposant au pire dans un environnement encadré, je pouvais tout de suite désamorcer les pensées catastrophiques et autodestructrices qui pouvaient émerger en moi.

Concrétiser les choses

Après l’exercice, on a évoqué ce que je pourrais faire, dans les prochains mois pour m’exposer dans la réalité, pour voir que les scénarios catastrophes sont plus souvent imaginaires. J’ai donc parlé de mes projets d’aller au Lac-St-Jean en solo avec les enfants. On a parlé du trajet en voiture, de manger au resto, d’aller dans les toilettes publiques, d’aller au magasin acheter des trucs, de dormir ailleurs, de faire des sorties dans des parcs inconnus. Toutes des petites choses que j’évitais régulièrement pour garder un certain contrôle. Toutes des choses que j’ai affrontées en allant visiter ma mère au Las-St-Jean. Pas seulement une fois, mais deux dans les dernières semaines.

Une vraie situation, ou une addition de plusieurs déclencheurs

J’ai passé 24h sur la route avec les enfants, fait 5 pauses pipi, 2 pauses resto, visité un parc, marché dans un immense champs où les enfants courraient à leur rythme, dormi 6 nuits toute seule dans une maison que les enfants ne connaissaient pas, sans tous les dispositifs de sécurité qu’on a à la maison pour éviter les fuites nocturnes de mon deuxième. Tout ça solo et j’ai réussi.

Plusieurs fois pendant notre expédition, mon fils de 7 ans a cherché à fuir. Il a mis ses sandales et est sorti de la maison quelques fois, la plupart du temps à 5h du matin. Il a essayé d’aller marcher seul sur le long d’une route où les conducteurs roulent à 90km/h. Plusieurs fois, il n’a pas voulu me suivre. Il a décidé d’aller prendre sa douche seul au beau milieu de la journée. Il s’est embarré plusieurs fois dans une pièce alors que nous cherchions désespérément comment le faire sortir. Juste parce que ça lui était passé par la tête, il a aussi mis en marche le micro-onde et le four grille-pain avec des céleris dedans.

Toutes ces choses-là, même si elles étaient imprévues, même si elles ont déjà fait partie de mes scénarios catastrophes au plus fort de mes périodes anxieuses, même si elles n’entrent pas dans la liste des bons coups qu’un enfant peut faire. Toutes ces choses là que j’ai affrontées cet été me démontrent que je suis capable de les affronter. Elles me démontrent que j’ai beaucoup progressé depuis l’an dernier et elles me font dire que je suis fière de ces progrès. Elles me font dire que ma psy serait fière de moi.

Bon, maintenant, je dois avouer que je ne prévois pas repartir en vacances solo avec les enfants cet été. J’ai quand même besoin d’une petite pause.

Et vous? Quand vous êtes vous arrêté pour vous dire que vous étiez fières de la montagne que vous aviez gravie? Quand avez-vous pris le temps de vous féliciter la dernière fois? Est-ce que vous prenez un moment pour célébrer vos fierté et les nommer?

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