Pour les employés des domaines de l’éducation et des services sociaux, les mots plan d’intervention sont assez bien connus. Si vous avez un enfant à besoins particuliers, vous êtes surement assez familiers avec ça aussi. Pour les autres, si j’avais à décrire ça en quelques mots, un plan d’intervention, c’est un résumé des besoins d’un individu et les moyens à mettre en place pour l’aider à répondre à ceux-ci. En théorie, le plan d’intervention est un merveilleux outil. À condition, bien sûr, de s’en servir et de le réévaluer régulièrement.À la maison, nous avons plusieurs plans d’intervention avec divers intervenants. Ainsi, notre coco de presque 4 ans a un plan d’intervention au centre de réadaptation. Ce dernier sert à aider son éducatrice spécialisée à savoir quoi travailler et comment. Notre fils a aussi un plan d’intervention à la garderie. Il résume ses besoins, les interventions et les services à mettre en place. Notre famille a un plan d’intervention auprès du CLSC pour guider la travailleuse sociale. Et si tout va bien, cette semaine, notre fils de 5 ans et demi aura un plan d’intervention à l’école. Ce dernier servirait à aider les aspects social et émotionnel de notre fils et déterminerait la stimulation supplémentaire à recevoir en classe.
Pourquoi l’écrire alors que ça devrait aller de soi
Un plan d’intervention doit convenir à toutes les parties. C’est en quelque sorte un contrat. Il ne devrait donc pas être modifié sans l’accord de tout le monde et sans être signé par tous. On peut mettre plusieurs objectifs et moyens à l’intérieur, mais on devrait en limiter la quantité pour que ce soit réalisable. Un plan d’intervention de 20 pages n’est pas réaliste, même si ce sont toutes des choses qui peuvent être importantes. Dans le plan d’intervention, on essaie de se concentrer sur l’essentiel. Même si ça implique de le refaire un peu plus fréquemment pour l’adapter à de nouveaux besoins ou à de nouveaux éléments ou, idéalement, aux progrès.
Pour notre 4 ans: la quête de l’autonomie
Le plan d’intervention de notre 4 ans axe sur des objectifs liés à l’autonomie.
Ainsi, on cherche à développer sa motricité fine pour qu’il arrive à s’habiller et se déshabiller seul, mais aussi pour qu’il arrive à écrire et découper. Son éducatrice spécialisée fait donc certains exercices avec des fermetures éclairs et des boutons, des crayons, des ciseaux. Mais elle va aussi faire des jeux qui vont renforcer sa prise avec les doigts et accomplir le même but d’une façon différente.
On veut aussi travailler sa motricité globale pour qu’il puisse suivre son groupe dans les activités proposées. Comme j’en ai parlé dans un précédent billet, sa physiothérapeute va bientôt fermer le dossier, plusieurs exercices seront donc faits avec l’éducatrice spécialisée pour compenser. Pour la motricité globale et l’équilibre, les parcours d’obstacle, le fait de transporter un objet lourd dans les mains en se déplaçant ou même jouer à lancer un ballon dans un panier de basketball sont des moyens qu’elle met en place pour l’aider à travailler ses groupes musculaires les plus faibles.
Les objectifs choisis sont très praticopratiques et les moyens à mettre en place sont créatifs et ludiques, pour conserver son intérêt.
Pour la famille: éviter l’épuisement parental
L’objectif que notre travailleuse sociale écrit et réécrit dans notre plan d’intervention depuis qu’elle a pris en charge notre dossier c’est « éviter l’épuisement parental ». Par épuisement « parental », elle entend surtout l’épuisement de maman. Papa Atypique est souvent parti et la majorité des tâches de la maison reposent sur les épaules de la reine du foyer.
En trois ans et demi, cet objectif a toujours été là.
La dernière fois où nous avons révisé le plan d’intervention, j’étais pas mal découragée. Je venais de recevoir la nouvelle de l’école que notre fils de maternelle ne s’adaptait pas bien et je me sentais très démunie. La travailleuse sociale a donc senti mon épuisement et la rencontre a surtout tourné en une discussion d’une heure où on a conclu que le plan d’intervention devait encore une fois rester tel quel.
La prochaine fois que nous nous rencontrerons, elle sera sûrement fière de voir tout ce que j’ai été capable de faire pour moi depuis. Même si son rôle est pour la famille, force est de constater que j’en suis le pilier pour les aspects médicaux et les suivis. Je ne dis pas que mon mari n’est pas un soutien important, mais sa disponibilité est limité. Il remets donc ces responsabilités entre mes mains.
Pour notre plus vieux: encadrer, responsabiliser et stimuler
La psychologue qui a fait l’évaluation de douance de notre fils a donné beaucoup de suggestions intéressantes pour notre coco de maternelle. Nous avons une rencontre prévue avec l’enseignante de notre fils cette semaine. On doit parler de la situation scolaire. On déterminera aussi si la rédaction d’un plan d’intervention est nécessaire.
De mon côté, j’apprécierais beaucoup qu’il y en ait un, pour l’aspect « contrat ». À mon avis, le suivi serait plus facile l’an prochain si c’est mis par écrit dans un document officiel. Notre coco a besoin d’un encadrement très particulier. Comme la douance est peu connue et que dans son cas c’était confondu avec un TDAH, je crois que le fait que ce soit mis par écrit, ça aurait plus d’impact.
Ce que j’espère qu’on couvre dans le plan d’intervention sont l’encadrement, la responsabilisation et la stimulation.
Encadrement
L’encadrement, c’est plus dans le but de favoriser l’autonomie. À la maison, j’ai tracé un rectangle en ruban washi sur la table de la salle à diner. Ça délimite son espace et ça fonctionne bien. Il aime beaucoup avoir cet espace réservé en tout temps pour lui. C’est l’endroit où il mange, où il joue et personne ne peut utiliser son coin de table. Je crois que ce serait aidant d’avoir quelque chose du genre à l’école. Il a déjà sa place à lui, mais a de la difficulté à rester dans son propre espace et fini toujours par entrer dans la bulle de quelqu’un. Mettre des balises visibles le situerait mieux dans l’espace.
Responsabilisation
Notre coco aime beaucoup savoir où il s’en va. À la maison, j’ai préparé des routines avec des pictogrammes et les heures des activités. Il aime vraiment s’y référer. Ces fiches sont dans des endroits spécifiques. À l’école, la routine est écrite sur le mur. Je crois que s’il avait une fiche avec la routine près de sa place, ça pourrait l’aider encore plus. Ça lui éviterait de toujours regarder partout pour chercher ce qui arrive ensuite.
La psychologue a aussi suggéré de trouver quelqu’un de significatif dans l’école. Ce mentor pourrait rencontrer notre coco quand il est assez avancé ou à un moment précis dans la journée. Mon mari et moi avons pensé que la bibliothèque serait un très bon endroit où notre fils pourrait aider. Ainsi, il pourrait aller rejoindre la personne responsable de la bibliothèque et classer les livres puisqu’il est très bon avec les nombres. Ça pourrait lui faire une responsabilité en même temps qu’avoir un adulte signifiant avec qui discuter pendant la journée.
Stimulation
Pour la stimulation, ce serait de trouver des activités, pas nécessairement académiques. Celles-ci devraient l’intéresser et remplacer celles où il est déjà performant. Le genre d’activités d’enrichissement qui me viennent en tête présentement sont les sudokus et les carrés magiques, mais ça pourrait être sur un tout autre sujet si c’est possible pour l’enseignante de trouver des choses.
En conclusion
Pour avoir un bon plan d’intervention, ça implique que tout le monde soit en accord. Ceci comprends la personne visée par le plan, pour s’assurer de sa collaboration. C’est pour ça que la construction de ce genre d’outil ne doit pas être pris à la légère. Le plan d’intervention constitue un engagement.
Un plan d’intervention est là pour guider les intervenants pour les buts les plus importants soient travaillés en priorité. Ce plan devrait être construit en se basant sur des besoins à court et moyen termes. L’idée est que des succès soient vécus régulièrement, ce qui est encourageant. Les moyens pour atteindre l’objectif devrait être choisis en collaboration avec les gens impliqués. Il est essentiel que tout le monde travaille dans la même direction.
Je vois beaucoup d’avantages au plan d’intervention. Et vous? Croyez vous que ces balises soient nécessaires?
Je suis éducatrice spécialisée auprès d’enfants TSA (autistes) depuis 7 ans et travaille en milieu scolaire depuis une vingtaine d’années. Les plans d’intervention font donc partie de mon travail et permettent effectivement de travailler sur des objectifs spécifiques et réalisables, tout en permettant un travail d’équipe afin que tous aillent dans la même direction. Ce que je trouve le plus difficile, c’est lorsqu’un objectif est travaillé à l’école mais pas à la maison. Par exemple, l’habillage et le déshabillage (habit de neige). On sait que l’enfant est capable de le faire, mais comme il a un trouble oppositionnel et que les parents passent leur temps à l’habiller et le déshabiller eux-mêmes, il n’y a pas de constance entre la maison et l’école. Résultat: crises, désorganisation, ce qui vient à affecter le temps prévu aux autres apprentissages, entre autre. Une bonne communication parents-intervenants est aussi primordiale. Je passe beaucoup de temps à écrire un compte-rendu sur la journée de leur enfant, souligner les bons coups et donner des suggestions qui, la plupart du temps, sont tenues en ligne de compte. C’est un travail d’équipe 😊 La réalité de la maison et de l’école sont quand-même différentes. Ce n’est pas toujours facile, mais la bonne communication ainsi que la volonté de travailler ces objectifs dans le but d’améliorer la dynamique familiale ainsi que le cheminement de l’enfant, c’est primordial.
Hélène (Fashionista en cavale)
Oh oui! La collaboration est essentielle! ❤️ Merci de ton commentaire et tes précisions. 🌸