Le sujet a toujours été d’actualité, mais dans les dernières années, on en entend beaucoup plus parler. Avec la série Autiste bientôt majeur, ça a aussi été abordé. Avoir un enfant différent amène un lot de questions légales et le passage à l’âge adulte est une source de préoccupation. Même si on se dit qu’on traversera le pont une fois à la rivière, certaines choses doivent être réfléchies très tôt. Je pense au testament, entre autres et pour ça, ça prend un notaire.
J’ai eu la chance de croiser le profil de Me Joanie Lalonde-Piecharski sur les médias sociaux. Cette notaire pas comme les autres est très impliquées auprès de familles ayant des enfants atypiques. Elle en fait son principal champ d’intérêt dans sa pratique.
Comme elle est aussi une maman et une femme fort sympathique, je lui ai proposé de se prêter au jeu de l’entrevue, ce qu’elle a accepté avec enthousiasme.
J’espère que vous l’apprécierez autant que moi et que cet échange vous montrera qu’il peut y avoir de la couleur dans toute la paperasse.
Notaire engagée
D’abord, bonjour. Si je te demandais de te présenter en quelques mots, que pourrais-tu nous dire sur toi?
Maman, entrepreneure bienveillante, notaire engagée pour les familles à besoins particuliers. J’aime réfléchir, trouver des solutions, être dans l’action et participer à des projets pour faire avancer les causes qui me tiennent à cœur. Et j’adore la musique de Richard Desjardins ;-)
Si on tombait dans le vif du sujet, qu’est-ce qui t’a amenée à orienter ta pratique vers les familles où on rencontre des diagnostics de DI ou de TSA plus particulièrement?
Tout ça remonte à mon enfance.
Quand j’avais 7 ans, nous sommes devenus une famille d’accueil pour des enfants vivant avec une DI ou un TSA, je suis donc tombée dans la marmite il y a longtemps !
Et pendant mes études, j’ai travaillé dans divers organismes en lien avec le monde de la différence. Et j’ai fait des études en droit, parce que j’avais en moi un sentiment de justice sociale et d’inclusion sociale. Mon intuition me disait de choisir ce domaine pour le futur.
Dès la fin de mes études, j’ai tout de suite ouvert mon propre bureau, J’avais beaucoup de parents qui venaient me voir pour planifier l’avenir de leur enfant. Ces parents je les connaissais grâce à mes diverses implications.
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Quand on pense aux notaires, on pense généralement aux testaments et à l’acquisition de propriétés, mais c’est beaucoup plus que ça. Quel rôle joues-tu auprès des familles?
Oh oui, beaucoup plus!
En fait, j’ai déjà fait de tout au début. C’est une belle pratique que d’aider des gens dans tous les domaines de droit comme notaire. Mais pour moi, c’était plus fort que moi, les parents venaient vers moi et je voulais les aider. J’ai décidé de ne faire que des testaments et des mandats de protection il y a 2 ans, car c’est ce que j’aimais le plus faire.
Aussi, entre temps, je suis devenue moi-même maman. Je voulais diminuer mes heures de travail au bureau. Je vivais pas mal de stress et d’anxiété quand je faisais des ventes de maisons, car c’est un rythme assez rapide et moi, personnellement, ça ne convient pas à ma personnalité plutôt « slow living » qui aime prendre son temps!
À quel(s) moment(s) recommanderais-tu d’aller te consulter?
Simplement quand le parent se sent prêt à faire la démarche. J’ai des parents qui viennent me voir avant la naissance de leur enfant, d’autres quand les enfants sont en bas âge, d’autres attendent qu’ils aient 60 ans… ça dépend de chacun!
Mais il est clair que dès qu’on commence à avoir des biens (maison, voiture, REER, placements, assurance-vie) et qu’on a des personnes que l’on aime et qu’on veut protéger, il faut penser à faire un testament.
Sinon, je dirais que c’est aussi important de consulter quand on a vécu une séparation. Il faut que tout soit clair comment ça va se passer pour les enfants pour la gestion de l’argent et l’ex-conjoint, surtout si on a un enfant mineur, ou encore un enfant qui vit avec une DI ou un TSA.
Les médias sociaux, lien avec les OSBL
Tu es très présente sur les réseaux sociaux. J’ai vu très peu de notaires se faire connaître via ces médias. Qu’est-ce qui t’a amenée vers cette façon de faire pour te faire connaître?
Je trouve que les médias sociaux nous permettent de connecter avec des gens d’un peu partout. J’aime bien cette plate-forme qui est conviviale, simple et où j’ai un contact direct avec les gens! Aussi, j’ai moi-même le réflexe de consulter les médias sociaux pour m’informer, connaître davantage un entrepreneur ou un service. J’aime aussi voir tout ce qui se fait pour l’avancement de l’inclusion des personnes qui vivent avec une DI ou un TSA.
Je suis abonnée aux pages de toutes sortes d’OSBL, de pages de parents militants, sur l’autisme, sur la trisomie 21. Ça me tient au courant de ce qui se passe, ça m’inspire et j’ai l’impression qu’il se créée une forme de communauté. Et avoir une présence sur les médias sociaux, c’est important en 2019
Pour trouver Me Joanie Lalonde-Piecharski, notaire engagée, sur les médias sociaux, elle est présente sur, Facebook, LinkedIn et Instagram,
En août, on s’est croisées à la Course Trois, 2, 1 Go! au Parc Maisonneuve. Est-ce que tu participes régulièrement à des événements de la sorte? Quelles causes te tiennent particulièrement à cœur?
Oui, j’adore aller à ce genre d’évènement! C’est important pour moi de ne pas juste rester en 4 murs au bureau!
Je suis sur le CA de la Fondation des Arches du Québec, aussi sur le CA de deux autres organismes Mission Divers-Cité et Habitation Divers-Cité pour l’inclusion des personnes avec DI et TSA au niveau du travail et aussi pour la construction d’appartements supervisés (on en a tellement besoin au Québec!). Je participe à des brunchs, soupers-bénéfice, spectacles, je commandite des centres de répit (car je considère que c’est un besoin essentiel le répit pour les parents).
En fait, c’est depuis que je suis toute jeune que je participe à ce genre d’évènements avec mes parents, donc c’est juste une continuité!
Aussi dernièrement, j’ai eu la chance d’être invitée à l’émission « Des familles comme les autres » avec la magnifique Guylaine Guay. L’émission portait sur le passage à 18 ans. Je n’avais pas réalisé à quel point c’était une étape pénible à passer pour les parents. Avec une maman que j’ai rencontré sur le plateau, nous avons travaillé ensemble pour créer un genre de « to-do-list » pour aider le passage vers la majorité.
Une vie bien rempli
À quoi ressemble une journée « typique » pour une notaire?
Je n’ai pas un horaire de 9 à 5!
En fait, je prends toujours une journée par semaine pour tout ce qui est médias sociaux, formations, amélioration de mes procédés et tout ce qui est gestion de projets, échéanciers et planification – c’est le genre de journée ou je suis en pantalon de yoga et je prends le temps de travailler pour la pérennité de mon entreprise.
J’ai aussi des journées de rédaction intense où je rédige les testaments et mandats, comme c’est du sur mesure, je me concentre à 100% et ces journées sont consacrées à cela, donc pas de rendez-vous, de téléphones ou de courriel. C’est ma façon d’être efficace et très performante quand je ne suis pas dérangée et complètement absorbée par mes dossiers.
Également, j’ai des journées de rencontres avec mes clients au bureau et j’offre des RV une soirée par semaine également, donc cette journée sera plus longue.
Sinon, j’offre aussi des conférences dans des organismes et je suis impliquée dans des conseils d’administration, alors s’ajoutent les réunions à l’horaire.
Aussi, j’ai commencé à offrir quelques RV les samedis à mes clients, car il y en a pour qui c’est difficile la semaine de venir me voir à cause des horaires de travail, de l’école et des 1001 activités !
Sinon, l’été dernier, j’ai pris 5 semaines sans clients entre la mi-juillet et la fin-août et comme tout le monde est en vacances ou presque pendant cette période, ça n’a causé aucun problème !
J’ai un horaire idéal que j’adore, aussi je ne prends pas de rendez-vous avant 10h le matin, car ce sont des moments précieux que je passe avec ma fille Mathilde qui a 3 ans et demi. Je ne changerais pas ça pour tout l’or du monde.
Tu es aussi maman. Ressens-tu que la maternité a changé ta perspective face à ta profession?
Ce que j’aime beaucoup de comment j’exerce mon rôle de notaire présentement, c’est que je suis beaucoup à l’écoute des craintes des parents face à l’avenir et je suis là pour apporter des solutions pour les apaiser et ôter un poids sur leurs épaules. C’est donc une approche qui est plus humaine et relationnelle que juste transactionnel si je peux dire.
Aussi, comme je suis maman et que ma fille va à la garderie, c’est drôle, mais quand je la dépose le matin, je n’ai pas l’impression d’aller « travailler » mais en fait, j’ai le sentiment que je vais plutôt aider et ça me réconcilie.
Aussi, j’ai la chance d’avoir un conjoint merveilleux qui m’encourage à aller dans cette voie et il est aussi un papa très présent et nous formons une belle équipe.
En dehors de ta vie professionnelle, que fais-tu au quotidien pour prendre soin de toi? Que fais-tu pour te ressourcer?
J’adore lire et apprendre! Je fais de la méditation, de l’auto-hypnose et j’adore aller au spa. (Ça calme mon mental !) J’écoute aussi des podcasts, je joue du piano et de la guitare et on adore danser et chanter à la maison !
Pour me ressourcer, j’adore les voyages, les escapades, et si ce n’est pas possible dans l’horaire, je vais dans une librairie pour flâner, acheter (encore!) des livres et j’adore boire un café ou un thé en quelque part seule ou en jasant avec une copine ou mon chum pour rêver tout haut!
Une histoire de famille
Et si je te laissais le mot de la fin?
Je ne viens pas d’une famille d’entrepreneurs, ni d’universitaires. Mais je viens d’une famille aimante et tissée serrée. Mes parents sont mes premiers piliers, ils m’ont toujours encouragé et supporté et c’est merveilleux car ils sont encore ensemble après plus de 35 ans. Ma mère d’ailleurs travaille avec moi depuis les 8 dernières années comme collaboratrice juridique, c’est ma tour de contrôle, mon bras droit et l’avoir à mes côtés c’est un cadeau. Et papa n’est jamais loin quand il y a une ampoule à changer ou des boîtes de papier à déplacer. Et que dire de mon chum qui m’a toujours épaulé depuis le début et aussi ses parents à lui.
Alors je dirais, quand on est bien entourée, qu’on adore ce qu’on fait et qu’on y trouve du sens, la vie goûte meilleure. Et oui, comme tu le dis si bien, il peut y avoir de la couleur dans toute la paperasse !
Voici donc mon constat : C’est possible d’exercer un métier plus traditionnel avec sa personnalité, son cœur et sa touche magique!
Depuis quelques jours, un nouveau document est disponible pour aider les familles avec le passage à 18 ans. Disponible gratuitement sur le site de Me Joanie Lalonde-Piecharski.
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