La différenciation pédagogique c’est, en quel que sorte, tenir compte que tous les enfants n’apprennent pas de la même façon en enseignant. Avec des enfants à besoins particuliers, c’est aussi faire des adaptations pour s’assurer d’aider, supporter l’élève dans l’atteinte de ses objectifs. Est-ce que c’est quelque chose qui devrait se limiter à l’école?
Quand j’ai écrit mon texte sur les étiquettes il y a quelques temps, j’ai mentionné que tous les enfants devraient être considérés selon leurs particularités spécifiques, sans attendre qu’une étiquette soit posée. Chacun est unique, étiqueté ou non. Je le pense encore. Juste de prendre le temps d’aller voir un élève pour lui demander si tout va bien pour lui, s’il a comprit, c’est déjà un début de différenciation. Reformuler un concept, utiliser des dessins, faire différents types d’exercices, passer par des laboratoires, utiliser un vidéo, des questionnaires interactifs, il y a des tonnes de moyens utiles pour aider les élèves qui en ont besoin.
Bref, je m’emporte. Le but de mon texte est tout autre. Je veux parler de différenciation pédagogique à la maison! Comme j’ai deux spécimens assez typiques dans l’atypicité (voir ici et là), je dois adapter à peu près tout. En fait, ce n’est même pas une liberté que j’ai d’adapter ou non, c’est une obligation. Si je veux avoir un quotidien agréable, je dois trouver des moyens différents d’atteindre un même objectif, avec des enfants à besoins particuliers.
Pourquoi?
Avec des besoins spécifiques si différents, mes deux grands on vraiment besoin de support différent tant pour les routines que pour l’apprentissage. Alors que mon grand comprend les concepts à la première explication, mon deuxième a besoin qu’on use de multiples stratégies. C’est donc pour ça que je dois être créative au quotidien avec eux. Comme beaucoup de parents ayant des enfants à besoins particuliers.
Les routines
J’en ai déjà parlé, chez-nous, la routine, c’est important, tant le matin que le soir. Ça permet de calmer mon anxiété, mais aussi d’aider mes enfants à devenir plus autonomes. Comme ils savent à quoi s’attendre, ils savent aussi quoi faire. Je sauve des mots, des conflits et des maux.
Les débuts
On a toujours eu des routines à la maison, mais on a été plus sérieux avec ça quand notre plus vieux a eu 4 ans. Dans quelques semaines, il en aura 6. Il connait sa routine par cœur, y compris les heures auxquelles il doit faire telle ou telle chose depuis la deuxième journée, mais il se réfère encore aux pictogrammes. C’est vraiment sécurisant pour lui.
Fiston numéro 2
Mon coco de 4 ans n’est pas du tout du même type. On doit absolument le guider dans tout. Même si on prend les pictogrammes et qu’on lui montre, il va vouloir faire à sa tête. On doit lui laisser une certaine latitude pour éviter les conflits, mais le ramener à l’ordre pour s’assurer qu’on passe à travers la routine en entier. C’est laborieux, mais nécessaire.
En faisant ça, on s’assure que lorsqu’il sera à l’école on aura plus de facilité le matin puisqu’il connaitra déjà la routine. Par contre, c’est exigeant aussi pour notre plus vieux, qui ne comprend pas pourquoi on ne gronde pas son frère quand il ne fait pas ce qui est demandé. La différenciation peut paraitre une injustice pour lui, avec ses yeux d’enfant. Il voit que son frère a plus de temps, plus de chances, plus d’encouragements, alors que lui qui fait tout n’a qu’un seul bravo à la fin. Le fait qu’il ait de l’anxiété ne l’aide sûrement pas alors on doit le rassurer et lui dire à quel point on est fiers de lui. C’est l’adaptation qu’on fait pour lui.
Exemple du brossage des dents
Le brossage des dents est tout un défi avec notre 4 ans. Il déteste se faire jouer dans la bouche. Quand il était plus petit, c’était même l’alimentation qui était un problème. Il a fallu travailler fort. Renforcer les comportements désirés, travailler avec une ergothérapeute, mais on y est arrivé.
Pour pouvoir utiliser une brosse à dents avec lui, il a fallu trouver un moyen de lui faire ouvrir la bouche assez longtemps. J’ai utilisé un truc du dentiste: l’allonger sur le dos, la tête entre mes cuisses. Ça a l’air un peu étrange comme ça, mais de cette façon, il relève les yeux pour me regarder et automatiquement, sa bouche ouvre. C’est magique! J’ai aussi décidé d’utiliser une brosse à dents électrique. La vibration est bonne pour ses muscles buccaux et on dirait que ça l’apaise. C’est gagnant! Ce sont des adaptations que j’ai dû faire pour lui. Ça a été beaucoup d’essais et erreurs, mais on y est arrivés. Il accepte même d’ouvrir la bouche pour le dentiste maintenant.
Évidemment, en introduisant une brosse à dents électrique pour lui, j’en ai aussi achetée une pour mon grand. Le sentiment d’injustice est très fort chez-lui et ça n’aurait tout simplement pas passé. Mais tout le monde est bien et heureux et c’est l’essentiel.
Les activités d’apprentissage
J’ai fait un billet il y a quelques temps là dessus. Je dois adapter les activités aux enfants. Choisir des activités stimulantes pour chacun en fonction de ses besoins. J’ai eu envie de me donner un défi pour le billet d’aujourd’hui. Créer une même activité qui aurait un but similaire, mais des niveaux de difficulté adapté. Le but de mon activité est de travailler la motricité fine par le coloriage et reconnaître la « forme mystère ».
La différenciation
Sur un des dessin à colorier, l’enfant a besoin de reconnaitre des formes. Chaque case a une forme à laquelle une couleur est attribuée. Il y a 5 formes différentes et chacune a une couleur. Sur le deuxième dessin, le code comporte des lettres. La forme identifiée par une lettre donnée doit être coloriée dans une couleur précise. Il y a 8 lettres différentes, chacune ayant sa propre couleur. Finalement, le troisième dessin demande une connaissance des mathématiques de base. Les 8 couleurs sont associées à un nombre différent. Dans le dessin, ce sont des additions qui apparaissent dans chacune des sections. L’enfant doit donc faire le calcul pour trouver la somme, puis associer la bonne couleur à la valeur obtenue.
Chaque illustration a un niveau de difficulté différent selon l’enfant. Même si je crois que la reconnaissance des formes est plus facile, pour un enfant, c’est peut-être les nombres qui le serait. Il est important de savoir que pour reconnaitre ses formes, on a besoin d’aptitudes de reconnaissance spatiale alors que pour faire un calcul, ce n’est pas la même partie du cerveau qui fonctionne. C’est pour ça qu’on appelle ça de la différenciation.
Il faut être réaliste
J’ai essayé avec mon 4 ans et il n’est pas prêt encore à faire ce genre d’activité, il a dessiné partout, mais il était très content d’avoir un papier semblable à celui de son frère. Il n’en est pas du tout au coloriage à l’intérieur des lignes encore. Mon presque 6 ans était vraiment très excité par le document avec les additions. Il m’en a déjà demandé avec des multiplications. On va commencer par voir combien de temps ça lui prend pour compléter l’ensemble de ce que j’ai déjà préparer.
Comme je veux aussi voir d’autres petits artistes à l’œuvre, je rends les trois dessins disponible dans la section outils gratuits en haut de la page ou en cliquant sur le lien ici. N’hésitez pas à m’identifier sur Facebook ou Instagram pour que je vois ça. Vous pouvez le faire en indiquant @atypiquementparfaite et en sélectionnant ma page.
Le quotidien
Au quotidien, la différenciation peut devenir lourde pour les parents. Il y a souvent un écart énorme entre ce que les parents veulent mettre en place et la façon dont les enfants perçoivent ces changements ou ces actions du quotidien. Ça peut rapidement devenir lourd et plusieurs parents s’épuisent à vouloir s’adapter ou aider leur enfant différent à comprendre une façon de faire qui n’est pas faite pour eux. Il est donc plus qu’essentiel de prendre du temps pour soi, d’aller chercher le soutien nécessaire pour y arriver et de ne pas trop se mettre de pression sur les épaules. Et pour être honnête, c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire!
Mes enfants différents n’ont que 4 et presque 6 ans et j’ai réussi à prendre un weekend pour moi en avril. J’essaie depuis quelques mois de mettre en place des moyens quotidiens pour m’aider également. Il ne faut pas s’oublier dans tout ça et c’est très facile.
Les ressources devraient être beaucoup plus disponibles qu’elles ne le sont pour supporter les parents, mais ça c’est une toute autre histoire.
En conclusion
La différenciation n’a pas pour but de faire réussir tout le monde à tout prix. Le but de cette pratique est de permettre à tout le monde de développer son potentiel en tenant compte de ses forces et faiblesses. C’est d’aider en s’appuyant sur des moyens répondant aux besoins. Bien sûr, ça permet à un plus grand nombre de personnes de réussir que si ces adaptations n’étaient pas faites.
Einstein a dit: Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur sa capacité à grimper dans un arbre, il passera sa vie entière à croire qu’il est stupide.
Voici pourquoi il est important de faire de la différenciation. Pour tenir compte des particularités.
Le défi de la maison en est tout un. Les spécialistes sont bien là pour guider les parents, mais au quotidien, ça reste que ceux-ci ont la charge de trouver des solutions à des problèmes de toutes sortes. Tenir compte des particularités peut être aussi simple que d’acheter une brosse à dents identique pour éviter que le stress monte trop. Mais ça peut aussi être créatif dans ses techniques, dans ses routines, dans ses encouragements.
Il y a tellement de choses à dire sur le sujet, j’en parlerai certainement dans d’autres billets. En attendant, je vais m’arrêter ici.
Est-ce que vous faites de la différenciation au quotidien chez-vous? Pouvez-vous donner des exemples?
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