Dans ma vie, y’a plein de moments où j’ai dû gérer seule. On parle souvent de charge mentale, mais pas tant du fait que parfois le conjoint n’est juste pas disponible. Chez-nous, c’est comme ça. Je suis une solomaman.
Trop de travail, horaires atypiques
Mon conjoint est dans le domaine de la construction. Lui, son dada, ce sont les gros chantiers. Il travaille là où il y en a. C’est comme ça qu’il s’est retrouvé à Sept-Îles, à Toronto, à Ottawa et à Diavik.
Dans ma tête, quand on a commencé à se fréquenter, j’imaginais qu’on partagerait un peu plus de tâches. J’avais une image assez féérique de ce que la parentalité allait être avec lui. Je le voyais interagir avec d’autres enfants et je sentais qu’il serait un excellent père.
Un jour, il a rencontré un homme sur un chantier. Celui-ci avait fait le tour du monde pour travailler sur des chantiers imposants. On a commencé à discuter mon chum et moi et on s’est mis à rêver qu’il aurait un travail comme ça et que je le suivrais avec les enfants.
La réalité qui rattrape
Quand notre premier est né, les choses ne se sont pas passées comme je l’avais imaginé. Les réveils nocturnes étaient particulièrement difficiles sur l’ours. C’est sûr qu’en ayant un emploi qui l’obligeait à être sur le chantier à 6h (ou avant) et revenir à la maison passé 19h, les nuits étaient précieuses. De fil en aiguille, ses levés sont devenus de moins en moins nombreux et les miens automatiques.
Un contrat l’a amené à Sept-Îles. Son employeur a loué un appartement suffisamment grand pour la famille et me permettait de voler jusque là-bas à mon gré. J’ai donc accompagné mon homme pour une bonne partie du contrat. Malgré toute ma bonne volonté, j’ai eu beaucoup de difficulté à m’acclimater à la vie là-bas. Je n’y connaissais personne, j’avais un coco de 9 mois, c’était le printemps. Notre chez-nous me manquait beaucoup.
Ça a été le seul contrat où je l’ai suivi.
Des responsabilités imprévues
Quand notre deuxième est né, avec le diagnostic, une ronde de rendez-vous a commencé. Je ne pouvais pas m’imaginer voyager et manquer des séances de stimulation précoce. C’était impensable de passer à côté des opportunités qui nous étaient proposées pour lui. J’ai donc pris sur moi la responsabilité de courir les rendez-vous, gérer les dépôts et les cueillettes à la garderie et tout ça. Avec son horaire de 6h à 19h, c’était tout simplement impossible pour mon chum de contribuer. Mon rôle de solomaman d’ancrait encore d’avantage.
Puis j’ai été enceinte de notre petit dernier. Pendant cette période, mon mari travaillait dans le nord des Territoires du Nord-Ouest. C’est creux en titi! Ça prend plus que 12h de transport. Autobus, avion, correspondances. Revenir à la maison était plus éreintante qu’une journée de travail.
Une routine bien ancrée
Puis j’ai accouché. Il a travaillé là-bas encore un petit moment après la naissance de mini. Ensuite, ça a été la Saskatchewan. Et une pause de contrats. Et des changements d’emplois. Il a beaucoup été à la maison dans les derniers mois. Ça a changé le rythme, pas tellement les responsabilités.
Quand ça fait 6 ans que tu es solomaman, tu ne redonnes pas les rênes si facilement. Oui, il m’a beaucoup aidé pendant ce temps d’arrêt, mais c’est quand même moi qui étais responsable de lui faire penser à des choses. Pendant cette période, je pourrais dire que mes responsabilités étaient de la charge mentale. Beaucoup plus que quand je navigue solo. C’est étrange comme la nuance est bien présente. Faire tout solo c’est difficile, certes, mais être responsable quand l’autre est là, c’est vraiment épuisant.
Solomaman pas si seule
Depuis que j’ai écrit mon texte sur le soloparenting en 2018, j’ai l’impression que je vois de plus en plus les autres mères qui se retrouvent dans une situation comme la mienne. Peut-être à cause du blogue, peut-être parce que j’y suis plus sensible, peut-être parce que ma dépression est guérie et ça me permet de m’ouvrir un peu plus aux autres. Quoi qu’il en soit, je me sens moins seule dans ma situation et je trouve ça important comme constat.
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