On dit que la vie est faite de cycles de 7 ans. C’est étrange parce que c’est exactement là que je me sens. J’ai eu comme une révélation à la fin du mois de janvier. Mon deuxième va avoir 7 ans en avril. Toute cette énergie particulière qui m’habite présentement, c’est mon corps qui réagit au cycle qui se termine. Comme le papillon qui commence à bouger dans sa chrysalide.

7 ans.

J’en reviens pas encore que ça fasse déjà 7 ans qu’on accueillait ce bébé-là.

Je le sais, c’est cliché. Toutes les mères disent ça. Mais je ne le sens pas de la même façon que lorsque je l’ai dit pour mon plus vieux.

Non. Ce 7 ans là a vraiment été un cycle. Des bas, des hauts, des bas encore plus creux, des hauts encore plus hauts. Une spirale infernale qui me propulse vers un nouveau départ.

Je sens une drôle de fébrilité.

Encore, pour une dernière fois peut-être?

Je le sais que si tu me suis depuis les débuts, tu l’as lu souvent. Quand il est né cet enfant-là, ce n’est pas lui que j’attendais.

Non. Je ne me sentais ni prête, ni assez forte, ni assez bienveillante pour prendre soin d’un petit humain « comme lui ».

Je le sais maintenant, mais à ce moment-là, je n’avais aucune idée qu’aucune maman d’enfant handicapé se sentait prête au début. La « vocation » est ben ben abstraite quand le médecin t’annonce que ton enfant va avoir des défis à relever dès sa sortie de ton utérus.

Je suis tombée TRÈS bas, en continuant à avancer parce que « il faut ben le faire », sur le radar, pas d’entrain, juste du vide et le cœur gros.

Les premiers mois sont très flous dans ma tête. Je faisais tout sur le pilote automatique. Mais une phrase me revient en tête souvent. C’était la maman d’un autre coco vivant avec la trisomie 21 qui me parlait. Son fils avait 7 mois, le mien 3. On était ensemble à un atelier de massage poupons.

« Tu es tellement forte! Quand mon fils avait 3 mois, je n’arrivais même pas à sortir de chez-nous. »

Entendre ces mots à ce moment-là avait nourri mon ego. Je m’étais sentie forte tout d’un coup, mais c’est 2 mois plus tard que je me suis littéralement écroulée. J’avais épuisé mes ressources d’adrénaline. Je ne pouvais plus bouger.

Le retour du balancier

Lorsque mon coco a eu un an, je ne me sentais pas très forte, mais j’avais recommencé à foncer. Les choses se plaçaient. Je remontais la pente. J’avais même pu reprendre le travail.

Ma nouvelle réalité de maman d’enfant différent m’amenait à avoir une perspective nouvelle face aux parents qui me contactaient pour me parler des défis de leur enfant dans mes cours. Quand je parlais de plans d’intervention avec la direction, je me sentais entièrement concernée. Ce nouveau regard que la vie m’avait donnée me rendait très émotive face à la réalité des parents. La distance n’existait plus.

C’est à la fin de cette année scolaire là que j’ai décidé de prendre une vraie sabbatique, pour refaire mes forces. Mais la vie m’attendait avec une autre surprise de taille. Aussitôt le congé signé, j’ai appris que j’étais enceinte d’un autre petit humain.

Au lieu d’être dans la joie, c’est plutôt la panique qui m’a envahie. Il était voulu. Nous l’espérions depuis plus d’un an. Mais la réalité était que j’avais la peur au ventre. Je vivais un réel cauchemar en mélangeant l’expérience passée et ce qui m’attendait.

J’ai (sur)vécu ma grossesse avec tous les maux possibles.

Ça a été l’expérience la plus traumatisante de toute ma vie.

Parce que toute la peur que je ressentais m’amenait à me faire sentir coupable face à mon fils que j’aimais profondément. Comme si avoir peur d’apprendre un handicap pour mon troisième enfant était de renier mon fils qui était présent. C’était un conflit intérieur continuel, déchirant.

Je retombais plus bas que je n’étais jamais tombée. Le creux de la spirale, le début de la fin du cycle.

Puis il est né.

Il y a environ 4 ans, ce troisième petit coco est né. Sa naissance n’a pas marqué la fin de la souffrance, mais le début d’une remontée. Ça a été très lent, parsemé d’embuches, de défis, mais pas de chute marquée.

Oui, quand je regarde l’ensemble de ces 4 années, il y a bien eu des moments où ça allait moins bien. J’ai même fait un burnout en pleine pandémie, mais le cycle débuté il y a 7 ans est fini.

Je sais que je ne veux pas d’autres enfants. C’est très clair dans ma tête.

Je suis en amour avec mes garçons. On vit des défis, on s’apprivoise, on s’écoute, on est humains.

Quand je regarde mon coco de presque 7 ans, je le vois pour qui il est plutôt que pour ses chromosomes. C’est l’humain le plus coloré que je connaisse.

Je connais plusieurs zones d’ombre que je visite souvent, pour les accueillir. Je grandis grâce à elles.

Et j’avance, je m’élève, je m’envole.

Le cycle est fini.

Sens-tu toi aussi que ta vie est faite de cycles? Où en es-tu? Dans l’envol ou dans le creux? Comment te sens-tu? Es-tu dans l’accueil ou dans la résistance?

Cycle. La vie nous amène parfois à vivre des cycles. Je parle ici d'un cycle qui aura duré 7 ans. Une spirale de creux succédés par des hauts et des creux encore plus creux et des hauts encore plus hauts pour se conclure par un envol, la fin d'un cycle. #cycle #naturecyclique #santémentale #développementpersonnel #cheminement #avancer #serelever